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Le Temps, 5 janvier 1893

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Le Temps
5 janvier 1893


Extrait du journal

Tout le monde sent la nécessité de mener cette lutte avec ardeur, avec éwergie, et suivant un plan bien conçu. Outre qu’elle est par ellemême navrante, la misère fournit une arme aux révolutionnaires. Il faut briser cette arme entre leurs mains; il faut faire cesser ce scan dale de malheureux mourant de faim en plein Paris.v.Oui, mais quels moyens employer? Tous les moyens, répondrons-nous : les moyens offi ciels et les moyens que fournit l’initiative privée, ceux-là surtout, puisque cesont les plus directs, les plus rapides, les plus efficaces. Il faut em ployer les moyens existants, et il faut en créer de nouveaux. Il faut introduire l’imagination dans la charité, inventer de nouvelles manières - de donner, de faire le bien, de se dévouer. Ce n’est pas seulement le salut de la société actuelle qui est à ce prix : c’est la paix de sa conscience. Il nous a semblé que le moment était venu de dire bien haut et de répéter souvent ce que tant de braves gens pensent à ce sujet; d’en trer en communication avec eux, et tantôt de leur dire ce qui s’est déjà fait à Paris, ou ce qui se prépare, tantôt de chercher, avec leur aide, ce qui pourrait, ce qui devrait se faire. Nous ne croyons pas nous tromper en pensant que nos lecteurs partagent ce qui est, à nos yeux, la préoccupation capitale de l’heure présente, et s’associeront volontiers à nos efforts pour agir. Les réflexions que nous présentions hier nous ont valu, par exemple, une lettre, entre autres, qui n’est pas sans intérêt. Notre correspondant se livre à un calcul d’où il résulte qu’avec 9 mil lions bien dépensés on pourrait combattre la misère des cinq mois d’hiver à Paris en donnant à tout pauvre mendiant ou pauvre honteux deux repas par jour, composés de soupe et de pain. Il évalue à 50 centimes le prix de ces deux re pas et à 120,000 le nombre des participants. Des cuisines de quartier délivreraient ces repas. Notre correspondant ajoute : « Je m’inscrirais volontiers pour cent soupes par mois pendant les cinq mois de froid. » Nous no citons cette lettre qu’à titre d’exem ple, car il y aurait'certainement des objections à présenter, et la plus grave de toutes porterait sur le chiffre même des participants. Il serait à craindre qu’il ne se produisît pour la soupe quoti dienne ce qui se produit dans les refuges : nom bre de gens qui seraient en état de se suffire vien...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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