Extrait du journal
— Mort? Non, il ne l’est pas. Je sens battre son cœur sous ma main. L’épaisseur du casque a amorti le coup ; c’est sa brisure qui a creusé cette plaie affreuse. Mais l’os n’est pas atteint, et la blessure peut n’être pas mortelle. Vois, il soupire... Aide-moi; essayons de le faire boire. Elle prit vivement, dans un coffre, un gobelet et y versa tout le contenu d’un flacon d’or. — L’élixir! s’écria Nahar... Ah! princesse, tu oublies donc combien des nôtres il a tué ? C’est crime, vraiment, de vouloir ressusciter un pa reil adversaire. — Ne serait-ce pas humiliant pour la vaillance de nos guerriers de laisser mourir celui-ci à cause de sa vaillance ? Aide-moi. Elle eut beaucoup de peine à écarter les dents serrées du blessé; mais, dès que la première goutte de la liqueur eut glissé jusqu’à sa gorge, il but avidement et parut se ranimer. Ses yeux se rouvrirent, troubles et las, sans regard encore. Gazileh avait rejeté son voile ; elle se penchait, guettant avec anxiété ce lent retour à la vie. Mais, tout à coup, la pensée revint dans ce re gard ; le visage du mourant, crispé par la souf france, se détendit ; un sourire entr’ouvrit ses lèvres, et il contempla Gazileh avec une expres sion si ardente de joie et d’amour qu’instinctivement elle ramena les plis de son voile. — Puisqu’il t’a vue! dit Nahar. Le blessé avait joint les mains. — Merci, seigneur Christ, dit-il : vous avez exaucé mon vœu, vous faites un miracle pour votre soldat!.... — Ce n’est pas votre Dieu qui fait le miracle, dit Nahar, mais bien Allah, le très grand. C’est lui qui a conduit près de vous la femme unique qui, au lieu de pierreries et de parures, porte, en voyage, des drogues et des baumes dans son coffret à bijoux, estimant que trop de rubis déjà ruissellent par le fait des épées et qu’une larme de pitié vaut tous les diamants du monde. — Tais-toi, folle. C’est le premier devoir des femmes, en ce temps de constantes batailles, de savoir panser les blessures... N’en avez-vous pas d’autres, chevalier, que celle qui, si doulou reusement, vous meurtrit le front? — Qu’importe? dit le jeune homme, d’une voix pleine de douceur. Je vais mourir, puisque vous êtes là ! —Me prenez-vous pour Israfll, l’angê de la mort?...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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