Extrait du journal
plexes. Il faut savoir vivre avec ses défauts — et même les fautes de ceux que nous aimons. Qu’en pensez-vous, Colette? Ne croyez-vous pas que savoir pardonner est une vertu? Elle l’écoutait, un peu surprise par cette phi losophie inattendue. Elle l’avait connu plus railleur, plus cassant — et surtout moins sage. Quelle grâce agissait donc sur ce mondain tant soit peu pervers? Etait-ce l’air des champs? Car l’âge n’était pas encore venu où les diables se font ermites, et les quelques cheveux argen tés sur les tempes, qui donnaient à la belle che velure noire de Vautrait un cachet particulier de distinction, n’étaient encore qu’une avantgarde bien pressée! — Je pense, répondit-elle, non moins sage ment, qu’on peut pardonner beaucoup lors qu’on ignore... — Aïe ! pensa Roger. — C’est moins facile lorsqu’on connaît. Ce pendant, la religion et la sagesse mondaine sont d’accord pour conseiller le pardon. — Et vous êtes bonne chrétienne, fit-il en passant sous son bras celui de sa femme, qui résista très peu, pour la forme seulement. Je vous parlais de Céphise tout à l’heure ; savezvous qu’elle m’a dit des choses extraordinaire ment sages? Je lui en ai beaucoup voulu, je l’ai cruellement raillée ; je crois même que j’ai; été un peu... je ne voudrais pas dire impertinent. Oh! rassurez-vous; elle m’a rivé mon clou, Vous pouvez vous. en rapporter à elle! Et au fond, elle avait tout à fait raison. Ainsi, elle, m’a reproché mes torts envers vous... Le bras de Colette frémit et voulut se retirer, mais il le retint sous le sien. — Elle m’a reproché tous mes torts envers vous, insista Roger et je ne sais pas, je ne pour rais pas vous dire comment elle s’y est prise, car elle a une façon de vous parler qui exprime tout sans qu’on puisse savoir au juste... ; bref, elie m’a fait comprendre que... Nous sommes jeunes, Colette, et, quand nous nous sommes mariés, nous avions l’un pour l’autre plus qu’une affec tion ordinaire : je veux dire que notre mariage n’était pas un banal mariage de convenance. Comment avons-nous pu oublier ce joli pre mier temps ? C’est ce que je me demande en core. Peut-être ne l’avons-nous pas oublié tous les deux, et ai-je été seul à laisser échapper de mes doigts ce bonheur frêle? Colette, la tête baissée, ne répondit rien. Bien frêle, en effet, ce bonheur, mais il avait existé....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - jameson
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