Extrait du journal
où j’enfonce avec tant de satisfaction ma char-’ rue et mes sabots, appartiendra tout aussi bien à mon voisin Mathûrin,qu’à moi-même! Je ne pourrai pas la garder (pour moi seul et la lé guer ensuite à mes gars, agrandie, s’il plaît-à Dieu, d’un lopin ou deux ! Et vous dites que je resterai tout de'même en théorie propriétaire ! Nenni, votre théorie ne me va point. Je veux que mon champ soit à moi, rien qu’à moi. » Voilà l’argumentation simpliste, si l’on veut, mais irréductible à’ laquelle se sont toujours heurtés et vraisemblablement se- heurteront toujours les apôtres du collectivisme. Tant que : subsistera cette petite propriété fondée par la Révolution française, il ne sera pas nécessairede chercher une autre digue contre l'envahisse- . nient du flot socialiste. Aussi le premier devoir et le premier intérêt de tous ceux qui veulent rester fidèles aux principes de 1789 et combattre victorieusement des utopies dont l’étiquette seule est moderne, mais qui ne font, en réa lité, que reproduire des conceptions très antiques et très primitives, ce devoir, cet intérêt, disons-nous, c’est de défendre, d’en courager, de développer le régime de la petite propriété qui s’adapte si, merveilleuse ment et à la configuration de notre sol, et à ses forces productives, et au tempérament de notre race. Libre à quelques-uns de vanter les résul tats obtenus, dans quelques grandes exploita tions agricoles, par l’accumulation des' capitaux. Ce n’est pas seulement les chiffres de rende ment qu’il faut considérer, mais encore et sur tout la situation des êtres humains engagés dans l’entreprise. Or, il n’est point paradoxal de soutenir que le paysan, vivant sur sa petite terre, quoique gagnant moins, en argent, que l’ouvrier agricole d’une vaste exploitation, est, au fond, beaucoup plus à son aise. Par l’utilisa tion des déchets et des regains, par l’engraisse ment d’une vache, d’un porc, de quelques volail les, il se procure des ressources précieuses, qui aident.puissamment àl’entretien de la famille; et surtout il apporte à sa besogne une autre ardeur, une autre ténacité que celui qui travaille pour le compte d’autrui ! Est-ce à dire que son sort ne puisse être très sensiblement amélioré, qu’il ne serait pas excellent, par exemple, de mettre à la disposition des agriculteurs, moyennant une légère redevance, des machines perfection nées dont la commune ferait l’acquisition et dont chacun userait à tour de rôle ? L’institution des syndicats agricoles ne devrait-elle pas être éten due, régularisée, et ne pourrait-elle aboutir à l’organisation rationnelle de ce crédit agricole si souvent réclamé ? Nous croyons, au contraire, que dans cette'direction un espace à peu près illimité est ouvert à l’esprit d’initiative et de progrès. C’est à quoi la Chambre nouvelle fera bien de songer et de s’appliquer. En se plaçant sur ce terrain essentiellement pratique, elle justifiera les espérances que le pays conçoit dès à présent de son bon vouloir, et, si elle ne dé sarme pas les théoriciens qui rêvent de boule verser notre état social, elle aura chance du moins de déconcerter leurs manœuvres et de paralyser leurs efforts....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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