Extrait du journal

•Quand le prix d’un produit baisse les patrons se syndiquent pour enrayer la’ production et soutenir les cours -. témoin Ces métallurgistes de l’Est qui, il y a quelques années, s’associaient dans le seul but d’acheter des hauts-fourneaux et d’éteindre leurs feux; témoin encore la vaste et malheureuse spécu lation sur les cuivres, dont l'échec a failli boule verser notre marché financier. Quand, par ailleurs, le salaire fléchit, ce sont les ouvriers qui se mettent en grève, procédé indirect mais assez efficace, en somme, pour épuiser les stocks et amener une re prise des affaires. Seul, dans ce conflit incessant d’intérôts, dont il solde finalement le compte profits et pertes, le consommateur reste impassible : il paye, il paye toujours, et l’idée ne lui vient que rarement de protester à son tour contre le sort qui lui est fait et de défendre sa bourse contre le drainage continu dont elle est victime. Et pourtant, ce pauvre consommateur, si passif d’habitude, n’est point aussi désarmé qu’il le croit ; il pourrait fort bien faire entendre sa voix souve raine pour imposer raison à ses adversaires natu rels, à ceux qui lui foRt dépenser saris compter l’argent si péniblement accumulé par lui. Au vrai, il Serait nécessaire qu’il prit la peine de sortir de sa somnolence accoutumée. L’effort lui serait péni ble assurément, les premières fois surtout, mais, une fois la tradition formée, quel bénéfice n’y re cueillerait-il pas? S’agit-il de ces commerces qui no condescendent jamais à le faire profiter de la baisse, en ayant grand soin au contraire de lui faire payer la hausse, comme la boucherie par exemple? Il aurait, dans l’organisation de sociétés coopératives de con sommation, un excellent moyen de régler le marché, moyen infiniment plus sage et plus pratique que le recours, souvent aléatoire et toujours arbitraire, à la taxe officielle. Faut-il môme lutter contre les indus tries à monopoles. Ici encore on n’est point sans res sources : nous avons eu, en France, quelques exem ples de populations citadines s’insurgeant contre ces compagnies ; nous en ayons, aujourd’hui en core, en Angleterre, où les habitants de Rothwell, dans le Northamptonshire, viennent de dévisser leurs compteurs à gaz et de les déposer dans la rue, ce qui est évidemment excessif, mais n’en est pas moins notable. C’est la grève, dira-t-on I Sans doute, et pourquoi pas? Messieurs les patrons trouvent fort commode de faire payer leurs dividendes et messieurs les ouvriers leurs salaires par la grande masse des contribuables ou des consommateurs obligés, grâce aux droits de douanes, à payer leurs produits plus cher. Il est peut-être fort évangélique de tendre la joue gauche après avoir été frappé sur la droite. On se lasse cependant à ce jeu, s’il se prolonge outre me sure; et, sans prétendre à tondre les autres, on aime rait souvent, à être moins tondu. Nous verrions avec grand plaisir, quant à nous, que le public prît enfin conscience et de ses droits et de sa force. ; AFFAIRES COLONIALES...