Extrait du journal

VII —(Suite) Le brigadier de la gendarmerie, informé du. fait, venait de donner l’ordre à deux gendarmes de monter à cheval, mais le gueux, du train dont il allait, devait être déjà bien loin, et l’on ne savait au juste s’il avait passé par Marckolsheim ou gagnéla montagne : voilà ce que j’en tendis raconter dans la grande salle de l’auberge du Bœuf-Rouge, en déjeunant tranquillement près d’autres honnêtes bourgeois qui se com muniquaient ces étranges nouvelles-à la table voisine. Les uns disaient que ce devait être un fou, d’autres quelque brigand de la Loire re venu de captivité. Personne ne pouvait rien y comprendre, et j’avoue que c’était assez difficile à deviner. Dans l’intervalle, un gendarme entre, pro mène un regard dans tous les coins de la salle, 'Jt'flnit par me demander mon passeport, que je /ai remets. 11 le parcourt, et, voyant que j’étais >n capitaine de dragons en retraite, il me fit le salut militaire, et sortit. Ayant pris mon café, j’allai faire une visite à $. Rippert, un petit homme roux, la figure landée d’un mouchoir, et.qui me reçut comme tin chien dans un jeu de quilles. — Je n’ai besoin de rien, dit-il aigrement, me prenant sans doute pour un voyageur de com merce. — Pardon, monsieur, je ne viens rien vous offrir, je viens au contraire pour vous acheter... — Quoi? fit-il en se radoucissant un peu. — Un des trois chevaux de votre établisse ment de sangsues. ■Reproduction interdite. .........