Extrait du journal
blir d’abord un texte absolu et à y ployer en suite de gré ou de force la vie d’un pays. Il vaut bien mieux par l’user même, par l’in terprétation constante que la pratique donne aux textes, les laisser se corriger eux-rmêmes par l’expérience et profiter du vague ou des contradictions qu’ils peuvent renfermer pour les adapter et les ployer sans violen ce à la vie politique du pays. Tenons tou jours celle-ci en bonne santé et la constitu tion se revisera d’elle-même. C’est la métho de anglaise, et elle a réussi où la méthode abstraite et révolutionnaire avait toujours échoué. - o* La direction générale des douanes vient de publier les résultats définitifs du mouvement de notre commerce extérieur pendant l’année 1889. Ces résultats, on le sait déjà, sont des plus sa tisfaisants et marquent une reprise considé rable de nos transactions avec l’étranger. L’ensemble de nos échanges avait déjà été, en 1888, de 7 milliards 353 millions, en augmenta tion de 177 millions sur le chiffre de l’année 1885, le plus bas que l’on ait constaté après la crise de 1882. L’an dernier, le total de nos im portations et de nos exportations n’a pas gagné moins de 667 millions. Il est monté à 8 milliards 20 millions, les importations figurent dans ce chiffre pour 4,316 millions et les exportations se chiffrent par 3,704 millions. Il ne faut pas croire que cette augmentation si notablë doive être imputée uniquement au développement des affaires motivées par l’Expo sition universelle. Sans doute, l’Exposition a été un très grand succès pour notre industrie et il se peut que certains étrangers soient redevenus nos clients après avoir accepté momentanément des offres de nos concurrents. Mais la masse des transactions d’une grande nation indus trieuse comme la France ne saurait, en réalité, être influencée dans une proportion sonsiblo par une exhibition, si solennelle qu’elle soit, de notre production. L’Exposition de 1878 a été un succès elle aussi : et pourtant le chiffre de nos expor tations en 1878 et en 1879 est resté inférieur à ce qu’il avait été en 1877. Ce qui provoque, en fait, des modifications importantes de nos échanges extérieurs, ce sont les crises économiques ou agricoles d’un pays. Une succession de. mauvaises récoltes de froment crée naturellement un déficit dans la production intérieure et appelle les imfiortations étrangères. Un fléau comme le phyloxéra peut rendre importateur un pays qui était avant tout exportateur. Jadis, en 1878, par exemple, nous expédiions pour plus de 200 mil lions de vins et nous n’en recevions que pour une soixantaine de millions. L’an dernier, au contraire, nos achats se sont élevés à 384 mil lions, chiffre supérieur de 133 millions à celui de nos exportations. Les crises économiques, de leur côté, ont une influence directe sur nos échanges. La périodi cité des crises, si nettement formulée par M. Clément Juglar, amène des oscillations en quel que sorte régulières dans le commerce exté rieur des peuples. Dans le moment où l’activité commerciale est à son maximum d’intensité, les transactions internationales sont très suivies, et les statistiques des douanes enregistrent, tant à l’importation.qu’à l’exportation, des mouvements qui, eux aussi, sont presque toujours à leur maximum. Quand survient la crise et le ralen tissement économique qui en est la conséquence, les échanges diminuent progressivement pour tomber à un minimum. Nos exportations, par exemple, après l’activité des années qui ont suivi les événements de 1870-71, sont peu à peu descendues à 3,180 millions en 1878. Elles sont remontées à.un maximum en 1882, où elles ont été évaluées 3,575 millions. La liquidation de la crise les a ramenées à 3,088 millions en 1885, et les voilà maintenant parvenues, en 1889, à 3,704 millions, chiffre le plus élevé que l’on ait con staté depuis 1875. Que notre industrie et notre commerce profi tent donc des années d’abondance que nous tra versons. Le moment peut venir où une crise nouvelle réduira à nouveau la masse de nos opérations. Le meilleur moyen de remédier au mal, c’est de l’étudier par avance. Ne dit-on pas avec raison qu’un bon averti en vaut deux? Pour revenir aux chiffres de nos exportations pour 1889, disons que ce sont nos tissus qui continuent à constituer la majeure partie de nos ventes. On a expédié à l’étranger 364 millions de tissus de laine, 260 millions de tissus.de soie, 116 millions de tissus de coton, indépendamment de 102 millions d’objets confectionnés (lingerie et vêtements). C’est un total de 842 millions. En 1888, l’ensemble de ces exportations n’avait été que de 739 millions : la plus-value ressort, on le voit, à 103 millions. La tabletterie, la bim beloterie, les éventails, les parapluies, les meu bles, et les articles de Paris sont également en reprise : les ventes ont monté de 128 à 145 mil lions. Les ouvrages en peau et en cuir sont restés à 135 millions. Les outils et ouvrages en métaux sont en hausse de 14 millions et se chiffrent par 85 millions. Presque tous les produits fabriqués, en somme, sont en pro grès notable, et le montant des marchandi ses expédiées de nos fabriques n’est pas moindre de 1,926 millions au lieu de 1,706 en 1888 et 1630 en 1885. Nous voilà donc revenus en bonne situation. Et, vraiment, le...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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