Extrait du journal

Et soudain la conscience lui revint. Si ce soir elle se laissait dompter, la déchéance était irré vocable, irrévocables les conséquences de sa lâcheté! Elle fit un mouvement de retraite; surpris, il la retint d’une main ferme ; ses poi gnets se tordirent, mais son étreinte à lui se resserra comme si Alix menaçait de lui échap per pour toujours. Elle, lutta d’une lutte brève, douloureuse, désespérée. — Alix! as-tu perdu l’esprit? Elle eut un gémissement plaintif, puis elle demeura parfaitement immobile. C’était l’éva nouissement. Il la mit sur son lit, puis, courant dans son cabinet de toilette, il en rapporta un flacon d’éther, se mit à lui frictionner les tempes et le front. Sa main était douce, mais ses yeux étaient pleins de menaces. DansJ’éclair fulgurant de sa prunelle bleue, il y avait une formidable malédiction. L’autre aurait à payer pou r les tortures de celle-ci !... En revenant à elle, Alix poussa un cri. — Tu as peur de moi ? dit Marsaune amère ment. — Tes yeux sont terribles ! murmura-t-elle en fermant les siens. — Pas pour toi, bien-aimée. Crois-tu vrai ment avoir jamais rien à craindre dé moi? Alors tu ne me connais guère, Alix ! Ne vois-tu pas, enfant, que je suis prêt à prendre ta dé fense contre moi-même? Oui, s’il le faut, sî tu le veux, contre ma passion, contré ma propre tendresse... Reproduction et traduction interdites....