Extrait du journal

LA NATURALISATION Nous assistons à un singulier revirement au sujet de la naturalisation et de la condition lé gale des naturalisés. 11 y a quelques années, ce n’était qu’un cri : devant la statistique effrayante des décès et des naissances, tout le monde pen sait qu’il fallait ouvrir, aussi largement que pos sible, la porte de la nationalité française aux personnes qui désiraient en avoir tout ensemble les charges et les bénéfices. Pourquoi, disait-on alors, garder des vues d’un autre âge sur la na turalisation ? L’homme qui vient en France et qui y demande la qualité de citoyen ne doit pas être traité en suspect, encore moins en ennemi. Il faut lui faciliter l’entrée dans la famille fran çaise, dont il deviendra un membre actif, utile, et où ses enfants et les enfants de ses enfants ne se distingueront vraisemblablement plus des Français d’origine. Quant à lui-même, au chef de la famille, s’il s’en distingue, c’est seulement parce qu’il a voulu être Français, tandis que nous tous, nous le sommes naturellement. Et il y a autant de mérite à le devenir par choix qu’à l’être par un effet du hasard. Voilà ce qu’on di sait alors, et l’on fit une loi qui, sans aller aussi loin que nous l’eussions désiré, facilitait cepen dant la naturalisation et hâtait l’assimilation des naturalisés....