Extrait du journal
L’UNIQUE SOLUTION Après l’émotion provoquée par les incidents de ces derniers jours, l’opinion semble avoir trouvé son assiette, et un calme relatif se fait dans les esprits. Ce qui entretenait l’agitation, c'était le choc violent de courants contraires : à l’heure présente on peut dire que ce conflit a disparu, parce que de tous côtés on s’aperçoit qu’il n’y a plus qu’à suivre jusqu’au bout la voie dans laquelle on se trouve engagé par la force , des choses. Deux points sont, en effet, désormais hors de conteste. Le premier, c’est que. la révision du procès Dreyfus apparaît comme le seul moyen de sortir des incertitudes et des angoisses où l’on s’est si péniblement débattu. La plupart des journaux qui la repoussaient ont compris que l’aveu du lieutenant-colonel Henry la rendait absolument inévitable ; le gouvernement, lui aussi, a reconnu cette nécessité et l’on s’étonne que M. Cavaignac ait refusé de s’incliner devant Une évidence pourtant irrésistible, - Le second point, c’est que la révision ne pré juge en rien le résultat du procès. Il ne s’agit pas du tout, pour le moment, de savoir si Drey fus est innocent ou coupable; on se borne à constater que de récentes révélations ne peu vent pas ne pas faire planer un doute sur la procédure de 1894 et sur là valeur du jugement rendu : il y a donc lieu, pour l’affaire Dreyfus comme pour toute autre affaire au sujet de la quelle s’élèverait une suspicion analogue, de re commencer la procédure, de compléter l’infor mation et de permettre aux juges de se pronon cer à nouveau. Ainsi l’antagonisme qui donnait tant de véhémence aux passions adverses doit cesser. Enfin, cette révision, devenue indispensable au point de vue moral, est légalement possible. Pour la réaliser, divers procédés ont été mis en avant : peu importe que l'on choisisse celui-ci ou celui-là, l’essentiel est d’avoir la certitude que l’on ne restera pas dans une impasse et que la législation existante offre une issue toute natu relle. Il n’y a plus, dès lors, qu’à attendre un dé nouement qui sera, espérons-le, la clôture défi nitive d’une redou table-crise. En vain quelques voix isolées essayent-elles de suggérer de nou veaux sujets d’inquiétudes, en parlant d’une convocation anticipée du Parlement. Elles de meurent et demeureront sans écho. Trop- sou vent déjà la politique a mêlé son venin à des discussions qui auraient dû conserver un carac tère exclusivement judiciaire. Il appartient au gouvernement de prendre une décision qui, sans contredit, est entièrement de sa compétence. Sa résolution, comme tous ses autres actes, pourra, si des représentants le jugent opportun, faire, après la rentrée, l’objet d’un débat parlemen...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - lockroy
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