Extrait du journal

stabilité, elle le perd du côté de l'égalité et de la liberté. D’autre part, si la république est assurément le plus libre et le plus égalitaire des gouvernements, elle est exposée à une certaine instabilité, résultant des compétitions de partis et de personnes. Qu’en faut-il conclure, sinon qu’une monarchie doit s’évertuer à ne pas alourdir le pouvoir et à développer la. liberté, une république à se donner une assiette ferme et à renforcer dans les institutions et dans les mœurs le principe d’autorité ? Le grand point, au surplus, c’est que le régime soit en harmonie avec les aspirations du pays auquel il est appli- i qué; sinon on vit sous la perpétuelle menace d’une révolution et l’on ne voit guère apparaître alors que les inconvénients du système de gou vernement que le peuple subit à contre-cœur. Une autre considération importante, c’est que les régimes tempérés, comme la monarchie constitutionnelle et la république parlementaire les plus rationnels, à coup sûr, et les plus con formes aux idées modernes, sont moins des ré gimes d’action que des régimes d’équilibre. Un despote, une Convention se charge de tout dans l’Etat et porte toute la responsabilité. Dans les gouvernements modérés, le pouvoir s’efforce principalement de faire respecter les droits et les intérêts de tous ; pour le reste, il compte sur l’initiative privée qu’il a seulement mission de stimuler et d’encourager. Voilà pourquoi, en définitive, ces gouvernements ne produisent de brillants résultats que dans la mesure où les ci toyens se sont préoccupés de la chose publique et ont tâché, chacun en ce qui le concerne, de travailler à la prospérité matérielle et morale de la nation. C’est en ce sens que les meilleurs gou vernements supposent un individualisme tou jours agissant, et c’est sans doute aussi ce que Montesquieu voulait indiquer quand il disait que le ressort du gouvernement libre, du gou vernement démocratique, est la vertu des ci toyens....