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Le Temps, 7 juin 1900

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Le Temps
7 juin 1900


Extrait du journal

d'épargne. Avec des bons vouloirs êgauxTï eûT’’ été bizarre qu’on n’arrivât pas à une entente également satisfaisante pour toutes les parties en présence. Cette entente s’est faite. /Elle a porté, en premier lieu, siir le cours au quel la caisse céderait ses rentes. Elle les a ac quises à des prix fort inférieurs à ceux qui figii-" rent maintenant à la cote. La plus-value ainsi obtenue forme une réserve latente considérable. La caisse ne pouvait pas en être dépouillée. Cette plus-value est consolidée : les rentes sont prises à un cours de 10122 environ. Si une hausse venait à se produire, le profit en serait perdu, sans nul doute, pour la caisse; mais elle est, en revanche, assurée contre tout recul. La transaction est des plus équitables. En second lieu, une clause de sauvegarde est introduite ayant ce double objet : d’une part, garantir à la caisse le payement des annuités sans conversion éventuelle; d’autre part, lui rendre la possibilité d’une mobilisation, s’il en était besoin. L’Etat se reconnaît débiteur, en quelque sorte, d’une série de bons successifs, remboursables en vingt ans, sans aucune dimi nution possible soit sur le capital, soit sur les intérêts. Si les circonstances l’exigeaient, les rentes revivraient. Par ce luxe de précautions, on peut mesurér la prudence qui a présidé à l’accord. L’introduction, dans notre budget, du méca nisme des annuités terminables, auquel l’Angle terre a dû le plus sûr de l’amortissement de sa dette, ne saurait être trop louée. Les « annuités» ne manquent pas dans le budget français ; mais elles n’avaient pas été appliquées à l’amortisse ment de la Rente perpétuelle. L’opération nou velle finit par se traduire par l’extinction d’un chiffre de rentes qui n’est pas à dédaigner. En outre, elle va ménager au marché financier un client nouveau : la Caisse des dépôts devra, en effet, faire remploi des annuités qui lui seront successivement payées. Le crédit public se ra, de la sorte, soutenu, sans que l’on soit fondé à parier d’une intervention de l’Etat à la Bourse. Telles sont les grandes lignes du budget de 1901. Le projet, pris ainsi dans son ensemble, mérite pleinement, on le voit, l’approbation. Il est assez simple pour pouvoir être voté rapide ment, et l’on se plaît à penser que la Chambre, lasse des douzièmes provisoires, aura souci de rendre à ce pays les finances auxquelles il a droit. • — LES COURSES DE TAUREAUX On connaît les scènes de désordre et de boucherie qui se sont passées lundi à Deuil, en Seine-et-Oise, aux portes de Paris. Une interpellation est annoncée pour la rentrée de la Chambre. Voilà donc encore une fois la question des courses de taureaux posée devant l’opinion et devant les pouvoirs publics. Le jugement de l’opinion n’est pas douteux. L’im mense majorité des gens raisonnables, de mœurs douces et humaines verraient avec tristesse s’im planter chez nous un genre de divertissement qui ne consiste plus guère'aujourd’hui) sous sa forme dé générée, que dans le spectacle du sang versé, de chevaux éventrés et de malheureuses bêtes tuées d’un coup d’épée donné à loisir, quand elles sont déjà épuisées et râlantes. Nous sommes encore li bres dé nous défendre contre l’envahissement de cetto passion espagnole. Mais il est bien clair qu’il y a dans tout homme, au-dessous des formeB et des sentiments acquis par une certaine culture et une certaine civilisation, une hôte rugissante que ré veille et qu’excite la vue du sang. C’est à ce cruel appétit de carnage, à ces bas instincts de sau vagerie endormis mais non éteints que font appel ces spectacles sanglants. La preuve en est dans le fait que les simples courses n’inté ressent pas et qu’il faut pour attirer le public la mort du taureau et l’effusion des entrailles et du sang. II y a là un principe de contagion morale in déniable. Nous sommes libres encore, disions-nous, d’y échapper. Mais qu’on traîne les choses en lon gueur, que par incurie ou par manque de courage on laisse un certain public prendre goût à ces divertis sements, des sociétés se former et des intérêts se grouper autour de ce qui va devenir très vite une exploitation industrielle, il sera trop tard pour ré agir et pour prendre les mesures qui auraient pu nous préserver de cette forme nouvelle de déca dence. Rien, au fond, n’est plus contraire à notre génie national fait de douceur, de bienveillance et de justice universelle. Ce génie, cette réputation do la France, ne vaut-il pas la peine de les sauve garder? On dit que le gouvernement est désarmé, que la police n’a que le droit, au nom de la loi Grammont de dresser de simples contraventions. Nous ne discuterons pas ce point de droit: Nous ne rappelle rons môme pas que tout gouvernement a le droit incontesté de prendre des arrêtés d’expulsion contre des étrangers qui viennent pour commettre dans le pays des illégalités positives. Personne n’aurait à réclamer si la police usait de ce droit. Mais nous insisterons sur une solution plus large et plus radicalé. Un projet de loi a été préparé à la Chambre sur la matière. La commission qui l’a examiné l’a approuvé. On dit môme que le rapportât prêt. Que le gouvernement demande donc à la Chambre de le mettre en délibération sans retard. Qu’une pres cription législative intervienne et fasse cesser l’état indéfini où l’on est aujourd’hui et où l’autorité, ou vertement bravée par des professionnels sûrs de...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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