Extrait du journal

La prochaine rencontre des trois empereurs à Berlin est plus que jamais à l'ordre du jour dans le mouvement quotidien de la presse européenne. En AlleKnagne et en Autriche, les affirmations les plus contradictoires se donnent libre carrière sur la question de savoir comment l'empereur Alexandre s'est trouvé tout à coup amené à accepter ou à prendre de lui-même un rôle dans cette entrevue dont il avait d'abord paru vouloir se tenir à l'écart. Le?, prévisions et les hypothèses ne sont ni moins nombreuses ni moins divergentes en ce qui concerne le but et» les conséquences possibles de cette réunion. Dans l'empire austroliongrois, pendant que les feuilles prussophiles grandissent outre mesure la portée de l'événement, les journaux fédéralistes s'attachent, non sans un certain sentiment de secrète inquiétude, & en atténuer l'importance; c'est ainsi, par exemple, que le Czas de Cracovie s'efforce de tranquilliser les Polonais en faisant remarquer que lés entrevues de souverains et les démonstrations am icales qui s'y rattachent ne sont que des incidents éphémères, qu'elles n'ont encore empêché aucune guerre, et qu'il ne saurait être quëstïbnd'ûnëenfônte cordiale là où les intérêts sont foncièrement ?i différents. En Angleterre, on paraît envisager le fait avec une satisfaction sans mélange; le télégraphe nous a signalé hier les articles publiés à ce sujet par les deux. principaux journaux de Londres, -le limes et \eDaily-News. Voici cQrriment.débute l'article du Times « Dans un mois d'ici la ville de Berlin deviendra le centre de l'intérêt politique< La curiosité de ceux qui s'intéressent aux affaires, publiques, depuis l'homme d'Etat qui dirige les destinées des nations jusqu'à l'amateur qui en devise dans un café, sera éveillée par a visite de l'empereur de Russie et de son fils à la capitale prussienne, et par l'accueil qu'ils y recevront de leur auguste parent, l'empereur allemand. On s'attend à ce que pendant le séjour du souverain russe à Berlin l'empereur d'Autriche devienne aussi l'hôte de l'empereur Guillaume,do sorte que les trois aigles impériales seront encore une fois réunies. Il y a eu un temps où cette réunion aurait été regardée comme de mauvais augure pour la cause de la liberté; il y a cinquante ans, tout ce qui était jeune et ardent et plein d'espérance en Allemagne et sur le continent en. général, était enrôlé contre les principes que les trois grandes puissances du Nord, comme on les appelait, ` avaient adoptés sous la direction 'du pieux Alexandre. Aujourd'hui, les conquêtes de la liberté constitutionnelle sont trop bien affermies pour avoir rien à redouter 4,'aucun' conclave de princes. » • • • Le Times- entre ensuite dans de longues considérations sur la transformation constitutionnelle qui s'est opérée en Allemagne, sur les profonds changements du même ordre qui ont eu lieu dans l'Austro-Hohgrie, sur l'ébranlement dans le sens. libéral que doit à la longue en ressentir, à raison du voisinage, le vieux système russe; il rappelle les sympathies françaises de la société russe et le désir souvent manifesté par les Officiers de l'armée du czar de se trouver face à face avec les Allemands « Alexandre et son fils, dit-il en terminant, mettent fin par leur visite aux spéculations belliqueuses si nombreu'.ses naguère. Les officiers russes peuvent occuper leur temps et accroître leur science professionnelle en faisant des plans pour la défense des provinces. baltiques, ou pour leur reprise au cas où...