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Le Temps, 8 février 1900

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Le Temps
8 février 1900


Extrait du journal

ce cœur depuis si longtemps inexorablement fermé? Et cela pour une ombre, pour un être sans formeet sans identité? Non, c’était trop absurde! Mais alors pourquoi ce trouble, cet émoi? Ab surde ou raisonnable, qu’il le voulût ou non, Boldwood se sentait atteint. Sous cette étroite enveloppe sans signature, toute sa vie semblait s’être concentrée; lorsque, l’obscurité venue, ses yeux cessèrent d’être fascinés par la troublante invitation, son esprit se mit en travail pour tâ cher d’en deviner l’auteur; les longues heures de la nuit furent ainsi dépensées en pure perte, et bien avant l’aube il errait dans la campagne poursuivant toujours l’irritante énigme. Le jour arrive lentement à cette époque de l’année; le ciel, d’un pur violet au zénith, était couleur de plomb et très chargé à l’est au-des sus de l’enclos aux moutons; le disque à moitié visible du soleil n’envoyait pas de rayons, lui sait comme un feu sans flamme couvant sous la pierre de l’âtre. Dans les autres directions, la ligne du ciel se confondait si bien avec celle de la neige étendue sur toutes choses en un blanc linceul qu’il eût été difficile de délimiter le commencement de l’une ou do l’autre. Partout on voyait une inversion fantastique de lumière et d’ombre, le ciel paraissant avoir échangé l’éclat qui lui est propre contre les obscurités de la terre; la lune pâlissante encore suspendue à l’ouest était triste et verdâtre comme du cuivre terni. Toujours occupé du problème qui l’obsédait, le fermier regardait sans les voir les mille ara besques formées sous la neige durcie par les herbes du chemin, lorsqu’un bruit de roues lui fit lever la tête. C’était la voiture de la poste, véhicule antique et primitif qui rarement s’ar rêtait devant la Basse-ferme de Weatherbury; mais, aujourd’hui comme hier, Boldvood vit le messager faire halle et, après avoir fouillé dans sa sacoche, lui tendre une lettre : il la saisit avec empressement et se hâta de déchirer l’enve loppe, s’attendant presque à y trouver un se cond « valentin ». — Je ne crois pas que ce soit pour vous, dit paisiblement le messager rural ; il n’y a pas de nom écrit, mais c’est pour votre berger, je crois... Boldwood regarda l’adresse, qui était ainsi conçue : Au nouveau berger de la ferme de Weatherbury, — Ah i quelle méprise I fit-il, très contrarié. Cette lettre n'est pas pour moi, ni pour mon...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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