Extrait du journal
lieu de son noble fiancé, elle voyait ce paysan,, ce serviteur! ' 1 " ' « Mon Dieu, donne-moi du courage! : Je mourrai ensuite s’il le faut, pensait Amélie, mais je tiendrai ma parole. Je l’ai promis pour l’enfant! » Quand elle monta- les marches de l’autel, et qu’elle vit qu’aucun miracle, aucun hasard pro videntiel ne pourrait lui épargner cette honte, elle fut sur le point de s’écrier : « Au secours, on me violente! Je ne veux pas me marier... » Elle éleva son regard vers le crucifix dressé sur l’autel, mais le divin martyr semblait lui répondre : « Souffre, c’est à ton tour d’expier. » Le chapelain commença la cérémonie; il formula les demandes, Jean Vilain y répondit avec fermeté, Amélie, d’une voix à peine per ceptible... Mais lorsqu’elle se redressa, baignée d’une sueur froide et prête à s’évanouir, elle n’était pas moins épouse de Jean Vilain ! Le cortège revint au salon. La mère de René s’approcha alors d’Amélie, et tentant une dé monstration affectueuse, voulut lui mettre sur la poitrine un bijou en diamants qu’elle ve nait de détacher de son corsage. La jeune fille se rejeta en arrière comme si elle avait vu surgir un reptile venimeux, et refusa le baiser de Judas qu’elle voulait imprimer sur son front; mais la dame n’en fit que sourire. Elle était contente. Il y avait maintenant un obstacle insurmontable, éternel, entre René et cette fille ! Désormais, Amélie était unie à un homme du peuple, humble, obscur, et le roman du pré tendant Dorff offrirait un trait de plus, capable de faire sourire les sceptiques et de décourager les plus fermes sympathies. Le domestique en livrée souriait lui aussi d’une manière imper ceptible, savourant cette nouvelle victoire avec une joie satanique; en vérité, la pièce n’avait pas été trop mal menée! — Mon filleul, disait la marquise, tu es un ; serviteur loyal, aussi suis-je heureuse d’avoir' deviné tes désirs et de t’avoir donné la femme de ton choix. Vous êtes des époux parfaitement assortis : son père et sa mère sont de simples artisans, et l’égalité de conditions est un des principaux éléments de bonheur dans le ma riage. Rends ta compagne heureuse et Dieu vous concédera une nombreuse descendance. Je confie à ta garde le château de Picmort, pro priété. de mon fils, de l’autorité duquel je me trouve momentanément revêtue, et qui ne te re tirera pas cette charge:.. Cependant, si la chosearrivait un jour, Vous savez, déjà que la ferme de Plouaret est à vous. Amélie écoutait, confondue d’horreur. Tant de mensonges, tant d'hypocrisie lui semblaient impossibles. Deux, fois, une protestation indi gnée lui monta aux lèvres, mais elle la réprima par excès de dédain. Ayant enveloppé la mar quise et son affidé d’un regard royal qui l’an nihilait. elle sut .détourna, et sans prendre congé...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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