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Le Temps, 8 juillet 1888

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Le Temps
8 juillet 1888


Extrait du journal

— Pierre, sachez donc ce qu'il a, demandait Mme de Valméras. Et Pierre, affectueux, désolé lui-même, per dait son temps à interroger Régis, à implorer sa confiance : — Voyons, qu’est-ce qui t’afflige? Tu ne m’aimes donc plus?... Tu me disais tout autre fois !... Régis haussait les épaules, se détournait sans répondre ou répondait des phrases en l’air, ac compagnées d’un rire forcé : — Oh! tiens, c’est bon, ce que j'ai ! Je m'en nuie, voilà!... Est-ce qu'on s’amuse à Tou louse? Et il s'échappait pour cacher des larmes qui lui montaient aux veux. Il s’ennuyait, ce fut ce qu’on dit, et, en ho chant la tête d’un air malin, l’avocat ajoutait : « Gela se passera à Paris ! » Car il était décidé depuis longtemps, en principe, qu’on y enverrait Régis et Pierre terminer leurs études d'art. Mais, quoique prévu, il semblait toujours que ce moment redoutable ne serait jamais venu. C’était si loin, si loin !... Et voilà qu’il venait, et Régis l'appelait de sa hâte fiévreuse !... Dur moment pour les mères! La pauvre Mme de Valméras sentait le cœur lui faillir. Si seulement elle avait pu partir avec son fils ! Mais ia santé de son mari, devenue depuis quelque temps chancelante, lui faisait un devoir impérieux de rester à Toulouse. La pauvre femme se résigna et, si douloureux qu’il soit pour une mère de voir que son enfant s’ennuie auprès d’elle, elle trouva du courage dans une pensée qui absolvait Régis : — Il pense à son avenir, il a raison, se disaitelle. Il faut un milieu vaste au développement de ses aptitudes. Je serais une égoïste si je le retenais ici ! Et, pour se raffermir, elle se disait encore : — Heureusement qu’il part avec Pierre ! Elle comptait tant sur Pierre ! Elle lui recom mandait Régis comme à" un frère aïû'é son jeune frère, quoiqu’il n’y eût guère qu’un an entre eux. Elle lui confiait ses appréhensions, oubliant l’extrême jeunesse de ce grand garçon travailleur et sérieux. — Aimez-le bien, Pierre, guidez-le! Qu’il ne fasse pas d’imprudences ! S’il était souffrant, vous m’écririez, n’est-ce pas? J’arriverais tout de suite. J'ai peur de ce Paris !... Pierre promettait, le cœur très plein. L’ap proche de ce départ tant souhaité* l’agitait,dui aussi, le mettait dans un trouble indescriptible, .un mélange d’anxiété et de désir : joie d'abor der enfin sérieusement sa carrière, de se sentir...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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