Extrait du journal

une pension annuelle de 150 francs, qui sera de 100 francs pour les femmes; c’est-à-dire que, réduits à l’impuissance pu parvenus à un âge avancé, les ouvriers et ouvrières n’auront pour vivre que 12 fr. 50 et 8 fr. 30 par mois. Les tables de mortalité démontrent que, sur un million de personnes/108,000 seule-, ment atteignent sôixante-et-onze ans. Ce chif fre paraîtra devoir être majoré à environ 300,000, puisqu’il s’agit de personnes dont l’engagement commence quand elles sont adultes ; il doit être maintenu, en somme, si on considère que l’assurance de l’Etat ne concerne que des ouvriers dont l’existence se passe dans des conditions hygiéniques défectueuses. Enfin, il est constant que, pour une personne de soixante-onze ans, la durée probable de la vie est de sept ans et demi. De sorte que c’est pour un espace de temps fort court, vraisemblablement, que le gouvernement allemand^arantitune pension qui nesaurait'sufiire en aucun cas à la subsistance, à un chiffre minime d’ouvriers survivants, après les avoir soumis pendant toute leur vie à une retenue de salaires sensible et confisqué une bonne part de leur indépendance. Dans ces conditions, il est probable que le projet de loi du Conseil fédéral sera soumis dans le Reichstag à de nombreuses critiques: il est probable encore que, s’il est adopté, il ne contribuera que dans une faible mesure à amener l’apaisement social que M. de Bis marck se flatte d’inaugurer. Ce qu’il offre aux ouvriers en échange des droits qu’ils croient, à tort sans doute, devoir revendi quer, ressemble par trop au légendaire plat de lentilles d’Esaü....