Extrait du journal
En moins de dix minutes le vaisseau se trouva bord à bord avec nous, si près qu’on aurait pu jeter un biscuit d’un pont sur l’autrer. Il pouvait y avoir une vingtaine de fem mes à bord, la plupart un bébé dans les bras et un ou deux enfants plus âgés pendus à leur jupe. Jamais je ne vis tableau plus curieux : la blancheur des voiles, le balancement gra cieux du navire, le bouillonnement de l’eau contre ses flancs polis, et tous ces gens en cos tumes pittoresques, jupons bariolés, chemi settes blanches, mouchoirs de couleurs vives, de toutes les teintes de l’arc-en-ciel, boucles d’oreille, chaînes de cou et longues épingles à cheveux d’or ou d’argent, bottes fauves ou jambières de laine nouées de larges lanières écarlates, ceintures rouges et chapeaux poin tus : on eut dit une troupe d’opéra. Et tels une troupe de choristes, les voilà tous, tendant les bras vers nous, qui se mettent à nous crier en chœur quelque chose. Mais quoi? Clest ce que nul de nous n’aurait pu dire, attendu qu’ils parlàjqpt. quelque charabia qui n’était pas de l’anglais." : Un vieillard aux longs cheveux blancs, coiffé d’un bonnet de laine bleue retombant' en forme de bourse sur l’épaule (probablement le capi„ taine) sauta sur unç cage à poules et saisis sant un porte-voix nous adressa un long dis cours, qui fut, comme le reste, de l’hébreu, pour moi. —. Faüt-il répondre? demandai-je brusque ment à Mole. Il frappa du pied : — Non, par Dieu ! ; s’écria-t-il avec colère. Quand même ils seraient en feu!... Que diable nous veulent-ils, pour venir se mettre ainsi par notre travers?... Comme pour lui répondre La foule d’opéra comique commença de se livrer à une mimique éperdue, les uns désignant leur, bouche, puis leur estomac, les autres faisant le geste de boire la tête renversée. II était facile de voir ce qu’il leur fallait. — Monsieur Mole! m’écriai-je, incapable de me contenir, ces malheureux manquent d’eau! Vous, un marin, vous savez ce que cela veut dire... Voyez ces enfants!... Allons-nous les (laisser, périr- de soif quand il serait si facile......
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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