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Le Temps, 9 février 1893

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Le Temps
9 février 1893


Extrait du journal

Il l’avait posée sur un divan de toile brodée <—: lé chalet était assez élégamment meublé — et; la sueur aux tempes, le sourcil contracté, il attendait avec angoisse la fin de cette crise. En fin, elle entr’ouvrit ses lèvres serrées, et ses pau pières se soulevèrent avec effort. Maurice, en ce moment, pressait ses mains glacées et essayait de les réchauffer de son souffle. Avec un cri d’é{jouvante et de détresse, elle les lui arracha vioemment : — Partez !... Laissez-moi, maudit !,.. N’aurezvous pas pitié de moi, maintenant que vous €êtes'mort?... Que vous êtes mort... répéta-t-élle d’une voix d’hallucinée. En médecin habile, Maurice avait tout de suite obéi à son geste, et elle se voyait, avec un air d’étonnemènt infini, assise sur le divan, lui de bout, à plusieurs pais de distance, appuyé contre la porte. La conscience lui revenait peu à peu, entière et cruelle. Maurice la vit rougir faiblement, tan dis qu’elle rajustait les boucles un peu mêlées de ses cheveux. Mais, bientôt, elle se fit très hau taine et, le défiant une seconde fois du regard, elle se leva et dit à voix brève : — Ne me demandez rien; je vous le promets, je ne recommencerai pas... Mais laissez-moi sortir ; je veux sortir! — Je n’étendrai pas la main pour vous empê cher de me fuir, dit Maurice en appuyant sur elle un regard où il y avait autant de fermeté que douceur; seulement, Yseult, écoutez ceci : si vous me refusez la confidence que j’attends de puis deux mois, mes responsabilités de médecin . et d’honnête homme me forceront à révéler aux personnes qui ont autorité sur vous tout ce que j’ai vu et entendu ici... Alors, elle s’humilia et, joignant les mains: -r- Oh I s’écria-t-elle, Maurice, vous avez tou jours été bon I Ne me demandez rien et ne dites rien : c?est si triste, si triste !... Je ne reviendrai plus aü chalet, je vous le promets, je vous le jure! Vous savez bien que je suis un peu folle; mais vous me guérirez de ce mal comme vous m'avez guérie de l’autre, n’est-ce pas ? Elle le flattait pour l’attendrir. Mais le jeune ' -Droits de reproduction et de traduction réservés....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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