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Le Temps, 9 janvier 1896

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Le Temps
9 janvier 1896


Extrait du journal

L’évêque de Saint-Brieuc, recevant au premier jour de l’an le clergé de son diocèse, a prononcé une très intéressante allocution qui révèle sans doute un état d’esprit assez général. Le prélat a parlé des lois fiscales qui. ont été récemment appliquées aux congrégations religieuses et des lois annoncées sur les associations. Il l’a fait dans une forme qui n’est nullement séditieuse ou comminatoire, mais qui trahit néanmoins des craintes assez vives, En pré sence d’un ensemble de mesures qui transformerait à ses yeux le Concordat de 1801 en une machine de guerre contre l’Eglise, l’évêque de Saint-Brieuc est conduit à se demander si la séparation ne serait pas préférable : L’exécution stricte du Concordat — a dit l’évêque — est un commencement de strangulation. Nous avons souffert; le pape a patienté; mais vraiment s’il plaisait au souverain pontife de reprendre sa liberté, et de nous rendre la nôtre, aurions-nous à le regretter? Ce serait la séparation de l’Eglise et de l’Etat, cette séparation dont on nous menace comme d’un châti ment et qui serait peut-être un bienfait. Il va sans dire que la séparation envisagée par l’évêque de Saint-Brieuc avec tant de calme n’est pas la séparation telle que les hommes de l’extrême gauche l’ont demandée. « Séparation veut dire pour eux : destruction », fait observer l’évêque ; et il ajoute : « Pour nous, séparation veut dire : liberté ». Mais, même si la séparation était accompagnée de lois restrictives, même si la séparation et la sup pression du budget des cultes laissaient l’Eglise dp France dans le dénuement, il sémble que- l’évêque de Saint-Brieuc se résignerait encore à cette épreuve avec confiance. « Nous mettrons notre confiance dans la Providence, dit-il, et nous irons mendier notre pain de porte en porte... » De telles paroles sont à méditer. Elles répandent une vive lumière sur la question si controversée des rapports de l’Eglise et de l’Etat. Bien des gens, en effet, s’imaginent qu’ils assurent la prépondérance...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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