Extrait du journal

Plusieurs années se passèrent de la sorte. Vint un hiver très doux mais très pluvieux. De la Toussaint jusqu’aux Cendres la pluie ne cessa. Elle tombait sans bruit, lentement, continûment, en aiguilles fines et- pénétran tes. La terré était détrempée ; partout les eaux s’assemblaient en larges flaques où traî naient, paresseuses, des buées lourdes. La mer semblait une huile .à peine moirée. Pas un souffle ne venait du large, et du ciel, toujours couvert, la pluie descendait, incessante, uni forme, inépuisable. Or, il arriva qu’une nuit la mère Chuquet fut éveillée par un bruit inaccoutumé. C’était un son ténu, toujours semblable, se produisant, très net, à longs intervalles réguliers. La mère Chuquet se souleva, écouta un mo ment, les yeux ouverts dans les ténèbres, et pensa : «C’est curieux, on dirait une gouttière. » > Puis elle se recoucha et se rendormit. Au matin elle aperçut à terre, entre les deux cavernes, une tache sombre qui l’étonna, et comme elle se penchait pour l’examiner, elle re çut brusquement dans la nuque une large goutte froide. Elle releva la tête, interrogeant la voûte. Elle ne vit rien d’abord. Pourtant, peu à peu, elle distingua une ligne noire qui zigzaguait ainsi qu’une fêlure sur la teinte grise du roc, et soudain, perlant juste au milieu, une goutte brillante qui tremblait, s’arrêta une seconde et lentement tomba. — Voilà qui est drôle, pensa la mère Chu quet. Elle sortit, gravit le sentier de la falaise. La - - . - - . . Reproduction et traduction interdites....