Extrait du journal

Le procès de Paris, pour emprunter une expression fort juste à M. Léon Say, s'est .continué hier à Versailles; il n'est pas encore terminé. Deux séances n'ont pas suffi pour épuiser l'examen de cette malheureuse proposition Ravinel si bien faite pour étonner quiconque n'est pas aveuglé par la passion et qu'a tant de peine à comprendre le public européen Bien que l'Assemblée eût sans doute mieux à faire à la veille de la prorogation, on sait que la besogne ne lui manque pas, ne nous plaignons pas trop de. la longueur de ce débat la cause de Paris ne peut qu'y gagner; i elle avait été assez mal défendue le premier jour, elle l'a été hier avec beaucoup de force et de raison. M. Louis Blanc a prononcé sur la question un discours aussi éloquent que mesuré; M. le préfet de la Seine et M. Vacherot ont également soutenu une lutte brillante contre la décapitalisation la thèse contraire a eu pour avocats le rapporteur de la commission, M-. Cézanne, et un membre de la droite, M. de Meaux. Parmi les nombreux arguments développés par M. Louis Blanc, il en est un qui paraît avoir fait une vive impression sur la majorité, c'est celui qui. consistait à dire qu'en s'isolant de Paris, la Chambre risquait de s'isoler de la France elle-même et de laisser prendre au conseil municipal de la grande cité la place qu'elle aurait laissée vacante. L'Assemblée a été également frappée de cette autre considération, présentée par M. Léon Say, qu'au fond des choses, et quoique l'on pût dire, il s'agissait de savoir si Paris serait condamné par la France, et que c'était ainsi que la question serait envisagée par 'le pays. La discussion générale a été close après le discours de M. Vacherot; on doit aujourd'hui passer à la discussion des articles. Quelle sera la résolution finale de la majorité? Un amendement a été proposé par M. de Pressensé, tendant à décider que la situation actuelle des ministères sera maintenue jusqu'à,ce que la Chambre ait tranché la question de sa propre résidence, qui ne saurait être prématurément résolue dans les circonstances présentes. On assure que le gouvernement appuie cette motion, et que l'un de ses membres doit venir aujourd'hui le déclarer à la tribune. Nous saurons ce soir ce qu'il sera advenu de la proposition de M. de Pressensé i elle ne répond pas à nos désirs, mais elle a cependant un mérite à nos yeux, c'est d'empêcher la Chambre de s'engager définitivement dans une voie mauvaise et de laisser au temps le soin de faire justice des préventions et des erreurs qui obscurcissent si fâcheusement en cette affaire le jugement des partis parlementaires. ̃̃...