Extrait du journal

Avant-hier, à la distribution des prix du collège Chaptal, M. le préfet 'dé la Seine a prononcé un discours que nous reproduisons et qui mérite d'être lu. Sans sortir du cadre modeste qui convient à ce genre d'allocutions, M. Lëon Say s'y est, en effet, exprimé sur une des plus grosses questions du moment, celle de l'enseignement primaire, sur la nécessité de l'intervention de l'Etat, et sur le principe de l'instruction obligatoire, en termes -remarquables et qui montrent combien haute est l'idée que se fait,de ses devoirs en cette matière l'administration parisienne. Il n'est assurément pas, ainsi *que l'a dit l'auteur,. d'agglomération d'hommes qui. puisse tolérer moins que Paris qu'il y ait « des masses d'enfants croupissant dans l'ignorance et dans l'indiscipline, n'entendant jamais parler de Dieu, de règles ni de devoirs et n'ayant pas en main ce premier outiL de travail, ce premier levier d'indépendance et, par conséquent, de dignité, qui s'appelle l'instruction primaire. » On ne saurait plus éloquemment justifier le principe de l'obligation. M. Léon Say tire aussi de ces considérations un argument en faveur de la gratuité absolue des écoles communales on sait ce que nous pensons de cette seconde condition, mais nous n'éprouvons aucune difficulté à reconnaître avec le préfet de la Seine que si la gratuité absolue peut être nécessaire quelque part, c'est de préférence dans les grandes villes, où il est le plus malaisé de se rendre compte des situations individuelles, et, par conséquent, de faire le départ entre les familles qui peuvent payer la rémunération scolaire et celles qui ne le peuvent pas. Un autre passage intéressant de l'allocution de M. Say est celui où il a fait allusion aux tristes événements des deux dernières années, et en a tiré dans le meilleur langage des enseignements de circonstance....