Extrait du journal

BULLETIN DU J^èufe1 Le commencement de cette seoiamej; a été consacré à des distributions de prix, et les journaux sont remplis des comptes rendus de ces intéressantes cérémonies. On trouvera plus loin le discours qu'a prononcé, hier, M. le ministre de l'instruction publique au congrès international des sciences [géographiques et la courte allocution de l'amiral de la Roncière le Noury; on trouvera également quelques passages des discours qu'ont prononcés M. le duc d'Aumale et M. Mathieu Bodet, le premier, à la distribution des prix de Beauvais; le second, à celle du lycée d'Angoulême. Il n'y a rien de particulièrement saillant à relever dans ces morceaux oratoires ce sont des exhortations et des encouragements à l'usage de la jeunesse. On ne saurait qu'approuver les sages et patriotiques conseils qu'ils contiennent. Mais si les membres et si les amis de l'Université se sont généralement abstenus de parler des dernières discussions qui ont récemment agité l'Assemblée nationale, il s'en faut que les orateurs catholiques et les défenseurs de l'ancien « ordre moral aient imité cette réserve dans les cérémonies où ils ont été invités à prendre la parole. Le journal l'Union se moque des banalités des harangues ministérielles; il est vrai que ses amis n'ont éprouvé aucune hésitation à pénétrer dans le domaine que s'étaient interdit les membres de l'Université, et qu'ils n'ont pas craint, une fois encore, de plaider publiquement devant leurs élèves la cause qu'ils avaient gagnée devant le Parlement. C'est une heureuse fortune pour le R. P. Lapôtre, que le collége de ÏImmaculée-Conceplion de Vaugirard ne soit pas sous la haute surveillance de M. le préfet de la Seine; il est probable qu'en dépit de la protection de l'honorable M. Chesnelong, l'orateur de la Compagnie de Jésus n'eût pas été autorisé à prononcer le discours dont l'Uiiion nous donne aujourd'hui le texte, et qui n'est qu'une attaque violente de l'enseignement de l'Etat. Nous ne mous en plaignons pas, cependant, loin de là; nous sommes, au contraire, heureux que les interprétes autorisés de l'enseignement catholique disent tout haut leur pensée et manifestent publiquement leur dédain et leur haine de l'Université. Mais ce qui paraîtra pour le moins singulier, et ce qui est -vraiment intolérable; c'est que ces attaques passionnées aient le droit de se produire dans les lycées de l'Etat, devant les élèves de l'état, et sous la haute protection du grand-maître de l'Université. Rien de plus tristement instructif, sous ce rapport, que le discours de M. Blavier, maire d'Angers, à la distribution des prix du lycée. Que M. Blavier appelle Napoléon « un homme de génie appelé par la providence à relever le pays de ses ruines en face du péril social, » c'est affaire à lui, et nous n'avons pas à discuter ces théories qu'il glorifie M. de Falloux et M. de Cumont « dont le passage a été trop court au ministère de l'instruction publique », la chose se comprend l'un et l'autre sont ses compatriotes et M. Blavier a le droit de disposer des ses sympathies. Mais que cet honorable magistrat, désigné par le recteur pour présider une cérémonie universitaire, profite de la situation qu'il occupe momentanément pour déclarer que l'Uniyersité a mérité par ses idées irréligieuses de perdre son monopole, on accordera que c'est peut-être dépasser la mesure et que l'autorité universitaire a fait un choix singulièrement malheureux lorsqu'elle a invité M. Blavier à la représenter....