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Le Temps, 13 décembre 1894

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Le Temps
13 décembre 1894


Extrait du journal

LE CADENAS V. La commission des douanes a pris hier une résolution dont il convient de la louer grande ment. Elle a décidé de ne pas accepter le projet de loi sur le cadenas dans sa teneur première. On connaît ce projet. La France devait être iso lée du reste du monde pour toutes ses importa tions, quelles qu’elles fussent, avant même que le Parlement se fût prononcé sur la nécessité d’une telle mesure. Par le seul fait du dépôt d’un projet de loi par le gouvernement, n’importe quel produit devait être arrêté à la frontière, sans avertissement préalable. Ainsi, une simple décision des ministres, et nos frontières étaient verrouillées, le pays se voyait mis sous ca denas. Quand le commerce apprit à quelle menace, à quel inconnu il était exposé, l’émotion fut pro fonde. De toutes parts, les protestations affluè rent. La commission des douanes prit alors un parti auquel nous applaudîmes sincèrement : elle convia tous les intéressés à formuler devant elle leurs objections et leurs craintes. Pendant un mois, les représentants de nos principales chambres de commerce ont pu se fairaentendre. De cette enquête, une vive lumière est sor tie. Le « cadenas » est apparu entouré de tels inconvénients, de telles complications, de telles injustices, l’arbitraire en a semblé si mon strueux, les spéculations auxquelles il peut prê ter ont paru si abusives que, pour tous les Es prits impartiaux, ce système de prétendue pro tection a été condamné. On s’est demandé com ment le gouvernement avait pu s’y rallier un instant. La commission des douanes n’est pas allée jusqu'à rejeter purement et simplement le pro jet. Nul ne songera à lui en savoir mauvais gré : on ne dépouille pas si vite le vieil homme. Mais elle a décidé que, en tout cas, si l’idée du cade nas n’est pas abandonnée — question qui reste, au surplus, à débattre — trois groupes de pro duits, exclusivement, pourront voir leurrégime douanier modifié par le simple dépôt d’un pro jet de loi, savoir : les céréales et leurs dérivés, les vins, enfin l^s bestiaux et les viandes abat tues. 1 L’importance de ce vote n’échappera à per sonne. Il y a quelques jours, nous signalions la circonspection rassurante de la Chambre, dans ces questions douanières, naguère livrées à un véritable esprit d’aventure. Voici que cet esprit nouveau pénètre dans la commission des doua nes. Il n’a plus qu’à conquérir le gouvernement. Ce sera chose rapidement faite, nous nous plai sons à le penser,-si le cabinet sait prendre en considération le mouvement d’opinion qui se dessine....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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