Extrait du journal

« Hâtez-vous lentement I » Ce précepte do Boileau semble être trop bien obéi par la Cham bre des députés dans la discussion de la loi de finances. A peine la discussion générale était close qu’une autre discussion, générale aussi, s’est rouverte à propos du ministère de la jus tice et des réformes de l’organisation judiciaire. Sans doute, c’est un usage respectable et même un droit sur lequel il faudrait veiller s’il était menacé, que de profiter du vote du budget pour poser au gouvernement des questions diverses. Mais elles devraient, nous semble-t-il, être brèves et ne porter que sur le fonctionnement des services publics. Ce qui nous paraît fâcheux, ce qui va contre les réformes organiques que l’on poursuit, c’est de les proposer et d’en enta mer la discussion à propos du budget. Il est cer tain que des réformes impliquant presque tou jours des lois nouvelles ne peuvent ainsi abou tir, qu’on court le risque de bouleverser l’état actuel des choses sans l’améliorer, qu’on perd enfin un temps précieux et qui pourrait être utilement réservé pour des études plus sé rieuses et des décisions plus efficaces. En veut-on un exemple topique? Plusieurs députés ont demandé hier la suppression d’un certain nombre de tribunaux d’arrondissement. A quoi bon entrer en débat sur le fond d’une semblable question qui touche à tant d’intérêts divers et complexeset qui, en tout état.de cause, est d’une solution si difficile? Nous le deman dons impartialement à ceux qui la soulèvent et qui peuvent avoir leur siège fait : est-il possible de résoudre cette question par voie budgétaire? Quand vous aurez refusé le crédit tout sera-t-il fait? Le pouvoir exécutif pourra-t-il par décret rattacher l’arrondissement privé de son tribunal à un autre qui l’aura conservé ? Pourra-t-il sus pendre par décret l’inamovibilité des juges mis hors fonctions, racheter les charges suppri mées ou fixer les indemnités à payer ? Non, évidemment. Pour tout cela il faudra une loi. II faudra donc que la Chambre recommence à discuter en un temps plus propice. Ne vaut-il pas mieux réserver pour des délibérations spé ciales, plus larges et plus compétentes, les ques...