Extrait du journal
LA REVISION Une discussion sur la révision, cela ne fait-il pas l’effet d’un anachronisme, de quelque chose d’archaïque, de platonique et de vain à la fois, comme serait une vieille matière de discours latin ? Le pays accordera-t-il quelque impor tance à l’intermède que la Chambre a voulu se donner, ou, pour mieux dire, que les radicaux ont voulu lui donner aujourd’hui, sans doute pour la délasser et la distraire des graves déli bérations de ces jours derniers? Agriculteurs, négociants, contribuables ne prendront, nous le craignons, aucun plaisir à cette vieille musique. Tous et la politique, avec eux, sont devenus, il faut le confesser, terriblement positifs. Un grain de mil ferait bien mieux leur affaire. Le pis est que ceux qui ont soulevé cette ques tion et qui l’imposent à la Chambre l’ont faitsans conviction ni entrain. Ils ne se font pas plus d'il lusion que nous-mêmes sur la portée pratique de leur initiative. Ils l’ont prise parce que c’é tait une des obligations de leur rôle officiel, parce qu’ils ne pouvaient pas renier ostensiblement la tradition du radicalisme. Ils s’en acquittent, comme on s’acquitte d’une corvée que le resKect humain impose; mais que l’on sait d’ail:urs oiseuse et sans conséquence. Aussi n’ontils pris aucun soin de se mettre d’accord sur une formule. Comme il ne s’agit que de vœux platoniques, chacun a fait le sien en toute li berté et sincérité. A côté de la révision de M. Bourgeois, du Jura, vous avez celle de M. Goblet, lesquelles, si elles ne plaisent pas, peu vent également bien être remplacées par celle de M. Naquëtou celle de M. Michelin. Du mo ment qu’il s’agit d’aller à la recherche de la constitution idéale, de celle d’où dépend le bon heur individuel et collectif, ne redoutez pas de manquer de projets. M. Jules Guesde a le sien en poche, tout comme M. de Mun., C’est le point où l’imagination métaphysique, se sentant le plus à l’aise, se troùve aussi le plus féconde. Tout cela fait prévoir la nature du débat qui va s’engager à la Chambre. Il sera purement académique, car il ne saurait être autre chose. On pourra admirer l’éloquence diserte des uns, l’originalité de conception des autres ; on pourra distribuer des couronnes aux orateurs, mais après? A l’indifférence sereine et au scepticisme railleur du public et des députés est-il difficile ou téméraire de pronostiquer le vote final? Et même à supposer,; par impossible, que la parole de quelque magicien vînt ensorceler la majorité de la Chambre pour lui faire émettre un vœu en faveur de la réunion du Congrès, qu’en résulte rait-il ? Une crise ministérielle immédiate, puis que le gouvernement actuel ne se résignerait jamais à ce vœu stérile, et puis, quand on au...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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