Extrait du journal
Tunis à Marseille, de Marseille à Tunis, voilà tous ses voyages. Mais cette fripouille de journaliste se venge de ce que nous lui avons refusé vingt mille francs. — En cela vous avez eu grand tort, fit alors M. Francis, le Francis à Monpavon, ce vieil élégant dont l’unique dent branle au milieu de la bouche à chaque mot qu’il dit, mais que ces demoiselles regardent tout de même d’un œil favorable à cause de ses belles ma nières... Oui, vous avez eu tort. Il faut savoir ménager les gens, tant qu’ils peuvent nous servir ou nous nuire. Votre Nabab a tourné trop vite le dos à ses amis après le succès ; et de vous à moi, mon cher, il n’est pas assez fort pour se payer de ces coups-là. Je crus pouvoir prendre la parole à mon tour : — Ça c’est vrai, M. Noël, que votre bour geois n’est plus le même depuis son élection. Il a adopté un ton, des manières. Avant-hier, à la territoriale, il nous a fait un branle-bas dont on n’a pas idée. On l’entendait crier en plein conseil : « Vous m’avez menti, vous m’avez volé et rendu voleur autant que vous... Montrez-moi vos livres, tas de drôles. » S’il a traité le Moëssard de cette -façon, je ne m’é tonne plus que l’autre se venge dans son journal. — Mais, enfin, qu’est-ce qu’il dit cet article, demanda M. Barreau, qui est-ce qui l’a lu ? Personne ne répondit. Plusieurs avaient voulu l’acheter; mais” à Paris le scandale se vend comme du pain. A dix-heures du matin, il n’y avait plus un numéro du Messager sur la place. Alors une de mes nièces, une délu rée, s’il en fut, eut l’idée de chercher dans la poche d’un de ces nombreux par-dessus qui garnissaient le vestiaire, bien alignés dans des casiers. Au premier qu’elle atteignit : — Le voilà ! dit l’aimable enfant d’un air de triomphe en tirant, un Messager froissé aux pli? comme une feuille qu’on vient de lire. — En voilà un autre! cria Tom BoisLandry, qui cherchait de son côté. Troisième par-dessus, troisième Messager. Et dans tous la même chose ; fourré au fond des poches ou laissant dépasser son titré, le journal était partout comme l’article devait être dans tou tes les mémoires, et l’on se figurait le Nabab là-haut échangeant des phrases aimables avec ses invités qui auraient pu lui réciter par...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - gambetta
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