Extrait du journal
saient éneore sur la terre au bord de ce qui avait été les massifs, ce qui n’était plus que de lq terre retournée à la bêche. ‘ Mme Régnier embrassa tout d’un regard et compritqu’un jardin peut mourir, lorsque l’âme qui l’a créé s’en retire. Le printemps reviendrait mais il n’y ferait plus épanouir de roses; seules lés mauvaises herbes sortiraient de terre et, si par hasard germait une graine égarée, elles l’é toufferaient bientôt, suivant la cruelle et inéluc table loi du plus fort., : r— Vous abattrez ces arbres, dit-elle à Mathieu en indiquant ceux dont le cri d’angoisse l’avait enfin prostrée le dernier jour. Je ne veux pas qu’ils survivent au reste. Rien ne demeurera ici pour rappeler que nous y avions mis de notre vie. On aurait pu sceller au mur une plaque de marbre pour apprendre aux passants qu’un ■ homme de bien, un homme illustre, avait fait dans ce lieu, de son vivant, un paradis et y avait terminé sa glorieuse carrière; rien n’y parlera dé lui, pas même une fleur, pas même un buis son. Dès demain, vous ferez venir les bûche rons. Vous-laisserez les arbres fruitiers, mais ils(ne porteront plus rien, vous comprenez, Ma thieu?. A peine noués, vous détruirez toute es pérance de fruits. -T- Oui, madame, répondit fermement le jar dinier; j’y avais pensé. — Et ici... elle indiquait le parterre, quand tous les arbres que j’avais plantés auront dis paru, vous sèmerez de l’avoine. Le jardin est mort, et tant qu’il m’appartiendra ne revivra plus. Elle revint vers le landau et y monta sans aide. Au moment où les chevaux franchissaient la grille, elle se pencha et regarda encore la solitude dévastée, dans l’air immobile et muet. — Adieu, dit-elle. Landry releva la glace et examina attentive ment sa marraine. — Je ne pleure pas, répondit-elle à ce regard qui l’interrogeait. Je ne me croyais pas si brave. Je viens d’apprendre une grande leçon, mon enfant; notre bonheur, nos souvenirs, n’exis tent pas en dehors de nous, nous les portons en nous-mêmes. S’ils s’éteignent,c’estquelefeu de notre, âme a diminué, mais les choses n’y sont pour rien... Mon âme suffit à ma mémoire; tu m’as aidé à le comprendre» pour cela et pour...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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