Extrait du journal
Tandis que la voiture continuait jusqu’à l’au berge du village, la jeune, fille s’assit à l’orée d’un bouquet de bois, près de Gicquette silen cieuse. Ses regards cherchèrent, à travers le ri deau délicat des peupliers, l’horizon lointain et ses perspectives bleues. Elle se rappelait un fragment du chef-d’œuvre de Kipling, de ce Livre de la Jungle que Pierre aimait, à la fois comme un conte délicieux et comme une splendide épopée de la vie libre et forte. Elle se rappelait cette « course de prin temps » que Mowgli, le « petit d’homme », fait à travers la jungle aux jours de l’année où « les parfums changent », aux jours mystérieux du « nouveau parler » des animaux... Et celte sen sation de misère profonde qui tout à coup en vahit le cœur solitaire du « petit d’homme », ' cette douleur obscure qui pour la première fois l’empêche de savourer la joie universelle, et qui le poursuit, et qui l’accable, si âpre, si conti nue, qu’il croit avoir bu un poison... Comme Mowgli, le « petit d’homme », élevé --parles loups de la Jungle et la panthère Bagheera, Marie-Blanche ne pouvait jouir du re-' nouveau grisant des choses... Mais elle connais sait le .poison dopt .elle portait, le-' mal en ses veines. Elle avait été déçue, elle avait été meurtrie... elle avait dit : « Je ne veux plus aimer »;.. Mais une bouche adorée avait appris le baiser à sa bouche.;, et son orgueil de femme, de vierge protestait en vain... Elle aimait encore... De ce baiser violent, subi dans une révolte, elle ne pouvait plus chasser la hantise... Et c’é tait une obsession étrange, avide, une obsession de délire, âpre et brûlante comme la soif, dans la fièvre... ou c’était une langueur désespérée, un vertige de mort, Un vidé si douloureux, si profond que. tout effort de réaction semblait inutile. . Naguère, elle avait aimé dans la souffrance; mais de toute la pureté de son idéal triste et fier, elle dominait son amour... Naguère, son amour lui appartenait : c'était une belle chi mère aux griffes subtiles, un rêve cruel et pour tant sans cesse recherché, dont son cœur et son imagination croyaient disposer... Puis on avait détruit, avili son idéal. Et main tenant, son amour la dominait. C’était une réa4i!è impérieuse, une force qui réclamait des...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - asquith
- poincaré
- régnault
- mac kenna
- m . cruppi
- franco
- ribot
- adrien hébrard
- calmann-lévy
- cazin
- france
- paris
- allemagne
- fez
- hollande
- londres
- pays-bas
- angleterre
- rome
- maroc
- union
- parlement
- etat
- conseil d'etat
- journal officiel
- united states