Extrait du journal
M. Yves Guyot vient d’adresser aux préfets une note sur l’emploi de la dynamite. Cette note, destinée à compléter celle du 9 août 1880 sur l’emmagasinement et l’emploi de la dyna mite, et celle du 21 octobre 1885 sur les moyens à employer pour le dégel de la dynamite, signale principalement les précautions à prendre en ce qui concerne les coups do mine ratés et les coups de mine ayant fait canon, ainsi que les modifications de détail relatives à l’emploi des explosibles. Wl 011 ■■ La commission de l’armée (celle de la Chambre) vient de prendre une décision grave, qui met à nu le secret mobile auquel obéit cette assemblée quand elle poursuit le vote du service de trois ans. La commission propose d’accepter toutes les modifications apportées par le Sénat à la loi militaire, sauf celles qui concernent l’article 23. Cet article vise les élèves des facultés, les instituteurs, les ecclésiastiques : le Sénat a décidé, on s’en souvient sans doute, que les jeunes gens appartenantà ces diverses catégories pourraient être renvoyés en congé après un an de pré sence au corps. Comme on ne peut guère admettre que la commission de la Chambre ait voulu taquiner les instituteurs, oulesélèves de l’enseignement supérieur, force est bien de croire qu’elle se préoccupe uniquement de déplaire aux séminaristes et qu’elle aime mieux renoncer à la loi tout entière que d’accepter un article qui, sans créer rien qui ressemble à un privilège, ménage cependant dans une certaine mesure des intérêts maté riels et moraux que la République ne saurait méconnaître sans injustice et sans péril. Il est donc établi désormais, par le vote émis hier à la commission, que la question des séminaristes prime tout le reste; nous n’a vions pas attendu jusqu’à présent pour nous en douter, mais qui eût osé espérer de la part delà Chambre un aveu aussi dépouillé d’ar tifice ? Nous lui demanderons seulement ce qu’il faut penser des discours débités à la tribune par tous les partisans de la loi militaire, dis cours dans lesquels nous avons entendu af firmer que l’intérêt suprême de la défense nationale exigeait une transformation radi cale de l’organisation actuelle?Quoi! vous le pensez sérieusement; vous estimez qu’il y a 1 là une question de vie ou de mort pour le pays, et quand le Sénat, dominant d’assez vives répugnances, adopte, en somme, les grandes lignes j[de votre propre pro jet, quand il vous accorde le service de trofë ans, réclamé , disiez - vous, ardem ment réclamé par les populations, vous aimez mieux faire échec au service de trois ans, garder cette loi de 1872, si décriée . naguère par vos orateurs^ que de transiger sur les séminaristes! On aurait admis une opposition intraitable de la part .de la Cham bre si, à tort ou à raison, elle eût interprété autrement que le Sénat l’intérêt de notre ar mée, mais sur un point de politique pure, qui n’a rien à voir avec la défense nationale ! Qu’il soit, du moins, établi devant le pays que si le service de trois ans n’est pas voté, c’est à la Chambre seulement qu’il devra s’en prendre. Nul doute, d’ailleurs, que la Chambre ne retourne la question et qu’elle ne dise au Sénat : Voyez, nous transigeons sur tout le reste : allez-vous, de votre côté, vous montrer inexorables sur les séminaristes? Craignez, dans ce cas, que le pays ne juge sévèrement votre attitude, etc... La Chambre ajoutera probablement qu’elle connaît les électeurs mieux que le Sénat et que, si elle attache tant de prix à l’extension du droit commun aux séminaristes, c’est pour répondre au vœu du pays républi cain. A quoi le Sénat ne sera pas em barrassé de répondre. Peu lui importe, à vrai dire, l’intérêt électoral de la Chambre actuelle. Il se soucie davantage de l’avenir de la République, qui est en jeu dans les élections prochaines. Il sait où réside la force ui fait vivre les régimes et qui les renverse, ette force, elle est dans le nombre immense des électeurs modérés, sans parti pris sur la forme du gouvernement, qui sont venus à la République quand ils ont cru qu’elle serait respectueuse de tous les intérêts, et au be soin môme des préjugé traditionnels inoffen sifs qui tiennent au cœur parfois plus encore que tous les intérêts. Ces électeurs ont déjà commencé à se détacher de nous, parce qu’ils ont été déçus dans quelques-unes de leurs espérances, froissés dans quelques-unes de leurs convictions, alarmés et troublés de toutes manières. Quel est le meilleur moyen de retenir ceux qui hésitent encore à nous abandonner et de ramener les autres ? Est-ce de renoncer au service de trois ans si les séminaristes ne vont pas le faire tout entier à...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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