Extrait du journal
Le banquet des commissions étrangères . Les commissions étrangères offraient hier soir, dans les salons de l’hôtel Continental, unie superbe fête au commissariat général de l’Exposition. Un banquet d’environ trois cent cinquante couverts, réunissant presque tous les ministres français, le haut pérsonnel ae l’Exposition et un grand nombre de notabilités étrangères, pour la plupart membres des commissions de l’Exposition, a ouvert la fête, suivie bientôt d’une réception qui s’est transformée en concert, pour se terminer en sauterie. Le banquet qui a eu lieu dans une des grandes salles du rez-de-chaussée, était plein de cordialité. M. le général Franklin, commissaire général des Etats-Unis, qui avait reçu les invités dans le hall de l’hôtel, aécoré à profusion d’arbustes et de plan'es, le présidait. A sa droite et à sa gaucho s’é tendait une table d'honneur de cinquante:cinq cou verts. On remarquait à cette table MM. Tirard, président du conseil ; Thévenet, ministre de la jus tice ; Constans, ministre de l’intérieur ; Rouvier, ministre des finances; Spuller, ministre des affaires étrangères; Yves Guyot, ministre des travaux pu blics; Etienne, sous-secrétaire d’Etat aux colonies; Georges Berger, directeur de l’Exposition, etc., etc. , A la fin du repas les laulharis, les tziganes et l’or chestre russe qui n’avaient cessé jusque-là de jouer leurs airs nationaux, se sont arrêtés et une claire sonnerie de trompette a ramené le silence. Le général Franklin a ouvert la série des toasts. Le commissaire général des Etats-Unis a prononcé son allocution en anglais. Se glorifiant de l’hon neur qu'on lui avait fait en le nommant président du banquet et se félicitant de la considération qui en rejaillirait sur son pays, il a tenu tout d'abord à en remercier ses collègues. Puis s’adressant au pré sident du conseil, et après quelques paroles élogieuses, il a rappelé que les commissaires étran gers avaient à faire à leur pays un rapport sur leurs travaux et sur les merveilles d’art et d’indus trie assemblées au Champ de Mars. « Ce que nous écrirons surtout dans ces rapports, a dit en termi nant le général, c’est l’expression du sentiment de reconnaissance que nous éprouvons pour l’accueil cordial que la France vient de faire à tous les pays. Merci donc à la France et buvons à l’Exposition de 1889. » M. Tirard a répondu en excellents termes à cette allocution. Relevons deux points dans son discours. Le pre mier est relatif aux jurés : Je puis vous donner l’assurance, messieurs, que l’infériorité numérique des jurés étrangers, propor tionnelle au nombre total des exposants, ne portera aucun préjudice aux intérêts de vos nationaux. Leur mérite plaiderait d’ailleurs suffisamment pour eux, si à l’esprit d’équité et de justice dont vous nous savez animés ne venaient se joindre les sentiments de re connaissance et d’amitié qui nous rendent si faciles et si doux les devoirs de l’hospitalité. Le second point est relatif aux rapports que les commissaires étrangers doivent présenter à leurs gouvernements sur l’Exposition universelle : S’il m'était permis, a dit le président du conseil, de formuler un vœu, je voudrais qu’à ces études scienti fiques d'un si haut intérêt vinssent s’ajouter quelques considérations d’un autre ordre. Je voudrais que, fidèle interprète des sentiments de la France, vous voulus siez bien affirmer à vos populations que le gouverne ment de la République, sans rien sacrifier de sa di gnité, de son honneur, de ses intérêts, est sincère ment désireux de vivre en bonne harmonie avec le monde entier. Tel est mon vœu, messieurs, et je suis convaincu qu’il trouvera parmi vous de sympathiques échos; j’en ai pour gage les relations cordiales et affectueuses qui n'ont cessé de régner entre nous. Je remercie M. le général Franklin, des félicitations qu’il a adressées à M. le président de la République, à moi-même, à M. le directeur de l’Exposition, et je termine en le priant d’agréer, ainsi que vous tous, messieurs, l’expression des sentiments de profonde reconnaissance que nous (inspire l'accueil si cordial que nons recevons dans cette fête du travail, de l'u nion et de la paix. Cette péroraison a été saluée par une double salve d'applaudissements. Le toast au commissariat général a été porté, au nom de ses collègues, par M. Carlier, commissaire général de la Belgique : Nul mieux que nous,, a-t-il dit, n’à pu apprécier l’i nitiative persévérante et l'énergie de ceux qui ont si vaillamment et si pacifiquement contribué à la gloire de la France. Nul mieux que nous n’a pu voir les dif ficultés qu’il a fallu vaincre pour renouveler cette vieille conception des expositions et arriver ,au résul tat sans égal que l’on a obtenu. Aussi devons-nous dire à ces travailleurs de la pensée et de la force qu'ils ont bien mérité de l’humanité. Et surtout sou haitons que leur œuvre serve la noble cause de la fraternité entre les peuples. Plusieurs allocutions ont encore été prononcées par M. Berger, qui, en l’absence de M. Alphand, a remercié les commissaires étrangers au nom des directeurs généraux ; par sir Polydor de Keyser, qui a bu à la ville de Paris ; par M. Chautemps, qui, lui, a porté un toast à la ville de Londres et à son ancien lord-maire ; par M. Diaz Mimiagua, commissaire général du Mexique, qui a bu à la presse, et par M. Paul Strauss, qui lui a répondu au nom des journalistes français. Les orchestres internationaux, dispersés dans les salles du rez-de-chaussée et du premier étage, ont donné à la réception qui a suivi le plus grand éclat, et c’est seulement fort avant dans la nuit que les invités ont abandonné les salons....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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