Extrait du journal

VII En présence de la situation morale que lès événements nous ont faite et du zèle passionné avec lequel nos historiens cherchent à saisir dans le passé les battements du cœur de la France, il serait étrange que les sculpteurs ne se fussent pas épris de l’héroïque figure de Jeanne d’Arc. Et, en effet, ils y pensent tou jours et ils s’évertuent à trouver la forme idéale du. monument qui doit glorifier la libé ratrice. Illustres ou inconnus, presque tous sont hantés par cette jeune apparition : ils ont compris que la statue de la noble fille doit être une création de l’esprit et du cœur, car il ne reste pas de portrait du temps, et l’artiste n’a à sa disposition que de rares témoignages écrits, précieux sans doute, mais d’une lamen table insuffisance. Quelque appel qu’on fasse à l’archéologie et à l’art du quinzième siècle, une Jeanne d’Arc ne sera jamais que la réalisation d’un rêve. Il faut pourtant la montrer au peuple la vi vante figure de la jeune martyre, qui flotte in déterminée dans la conscience historique de la patrie. Qui donc précisera pour nous cette grande image? M. Paul Dubois l’a essayé. La Jeanne d’Arc qu’il expose est le modèle en plâ tre de la statue équestre que la ville de Reims a demandée et qui, coulée en bronze, sera éri gée devant la cathédrale. Le cadre est heureux, et remplacement bien choisi. Il y a plus de quatre siècles que la ville du sacre attend cette noble effigie. Là Jeanne d’Arc de M. Paul Dubois est extrêmement jeune : elle garde même dans la construction du visage quelque chose de cette grâce rudimentaire qui caractérise l’âge ingrat ou du moins ce moment de l’adolescence pu les traits n’ont pas encore atteint leur confiVoir le Temps des 5, 12,19, 26 mai, 2 et 9 juin. ‘...