PRÉCÉDENT

Le Temps, 17 juin 1889

SUIVANT

URL invalide

Le Temps
17 juin 1889


Extrait du journal

Le directeur de .l’Urbaine a fait savoir qu’il s’était mis d’accord avec les délégués sur les hases sui vantes : Le travail reprendra aujourd’hui avec une moyen ne de 22 francs pour'la journée du Grand Prix (l’anjiée dernière, la 'moyenne de la journée correspon dante avait été de 24 fr. 25). Mais il demeure en tendu qu’il n’y a pas de moyenne fixe, la Compa gnie continuant à vouloir fixer cette moyenne à son gré et suivant les circonstances. Enfin, le directeur dq la Compagnie générale a fait savoir qu’on lui avait annoncé la venue d’une délégation ae cochers et qu’il était prêt à discuter des propositions acceptables ; mais, jusqu'à la der nière heure, la délégation annoncée n’était pas venue. Le ministre de l’intérieur, après avoir reçu ces diverses communications, a fait convoquer, par l’entremise du préfet de police, pour ce matin, les délégués de la chambre syndicale qu’il avait déjà reçus les jours précédents. Ces délégués ont été reçus ce matin par M. Constans, à dix heures moins un quart, et l’entrevue s’est prolongée jusqu’à onze heures un quart. Le ministre a fait connaître aux délégués les ren seignements que lui avaient fournis hier les direc teurs des compagnies. Les délégués, tout en remerciant le ministre de son intervention, ont persisté à réclamer la moyen ne maxima de 20 francs que les patrons, on le sait, dééclarent ne pouvoir accepter, fis considèrent que, dans ces conditions, la grève continuera. Néanmoins le travail a repris ce matin dans une assez large mesure. En effet, sur 1,500 cochefs de l’Urbaine, 800 ont repris le travail ce matin, ainsi que tous les co chers des entreprises Paul et Camille. LES COCHERS A LA SALLE CHAÎNE Ainsi qu’il avait été convenu hier soir, un millier de cochers n’ont cessé de circuler ce matin aux abords de la salle Chayne, rue d’Allemagne, at tendant le retour des délégués du ministère de l’in térieur. — La plupart d’entre nous, nous disent-ils, ont escompté la solution favorable que faisait présager hier la lettre du ministre. C’est pourquoi nous ne . sommes pas plus nombreux. Ils se plaignent des mesures d’ordre qu’on a pri sses, Depuis cinq heures dii matin, on a placé à la porte do tous les dépôts deux gendarmes à cheval et deux gendarmes à pied. Aucun incident ne s’est produit à la sortie des voitures. Ce n’est que vers midi qu’arrive en fiacre la délégation de la cham bre syndicale. Le secrétaire général, le citoyen Carrière, a rendu compte aussitôt de l’entrevue : « Nous avons commencé par dire au ministre que sa lettre nous avait mis du baume dans le cœur. Mais il nous a fait une réponse qui nous a prouvé immédiatement que nous allions être déçus. 11 nous a dit qu’il avait conféré, do dix heures du soir à une heure du matin, avec les principaux loueurs de voitures et qu’il croyait enfin qu’on allait arriver à une entente. » Le directeur de la compagnie l’Urbaine, parexemple, a-t-il ajouté, consent à ne fàiro payer au jourd’hui, quoique ce soit le Grand Prix, qu’une moyenne de 22 francs. » — Et demain ? avons-nous demandé. » — M. de Lamonta veut être libre de fixer sa moyenne comme il l’entend les jours suivants et ne veut prendre aucun engagement. » — Et le directeur de la Compagnie générale ? » — M. Bixion’a voulu faire aucune promesse, puisqu’on ne lui avait envoyé aucun délégué de la compagnie, mais je crois qu’il suivra l’exemple de M. de Lamonta. » Nous avons dit alors au ministre : « Nous re grettons que ces messieurs n’aient pas compris qu’ils agissaient moins généreusement que les co chers. >> — Et les loueurs ? » — Les loueurs ont tous leurs cochers qui travail lent, mais ils se guideront pour leur conduite sur celle que tiendront les grandes compagnies. « Voilà, mes chers camarades, tout ce qu’on nous a dit. A vous de décider ce que vous voulez faire. » Le délégué Carrel attaque « le saltimbanque, d’amuseur «Bouchage qui a provoqué la grève et qui fia ensuite abandonnée. « Puisqu’il y a grève maintenant, il faut la soute nir jusqu’au bout, » conclut-il. Plusieurs cochers prennent ensuite la parole dans le même sens et étudient même diverses questions d’organisation de la grève. Un seul, employé à la Compagnie générale, vou drait que l’on reprît le travail pendant quatre ou cinq jours. « Depuis cinq heures du matin, dit-il, j’ai visité tous les dépôts. Partout, les trois quarts des ccchers sont sortis, et je défie qu’on me dé mente. » Pour toute réponse, les assistants crient : « A bas Bouchage II ! A bas Bouchage II ! » — Qu’importe, dit un autre cocher, les camarades qui roulent aujourd’hui ne travailleront pas de main. Le délégué Duluc garde pou d’espoir ; il se bor nera, dit-il, à exécuter la décision de l’assemblée. A l’unanimité cette dernière vote la continuation de la grève ? Elle décide, en outre, qu’une nouvelle réunion aura lieu demain soir pour connaître les résultats de la discussion au conseil municipal. LA JOURNÉE DU GRAND PRIX Les Parisiens avaient pu craindre un instant cette année d’être obligés de se rendre au Grand Prix à pied, ou dans les véhicules les plus lamentables. Fort heureusement cette extrémité leur a été épar gnée. Convaincus par de saines réflexions ou alléchés par l’appât des forts pourboires de cette journée ex ceptionnelle, rassurés aussi au sujet des effets de la malveillance dos grévistes impénitents, par la vue des patrouilles de gardes républicaines à cheval qui ont continué à circuler sur les voies principales, un...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

En savoir plus
Données de classification
  • clermont
  • carnot
  • montaland
  • volnys
  • thévenard
  • sagasta
  • peruchio
  • martos
  • de laubespin
  • salneuve
  • loretto
  • suisse
  • paris
  • lisieux
  • souillac
  • allemagne
  • viens
  • longchamps
  • sarlat
  • paul
  • grand prix
  • sénat
  • union postale
  • la république
  • parti républicain
  • ligue nationale de l'éducation physique
  • dordogne
  • parti libéral
  • parlement
  • lot.