Extrait du journal
faites aux interpellations, selon la natiire des projets de loi qui seront déposés, et celle des mesures administratives qui seront prises. Et ces documents précis, certains, prouveront beaucoup mieux que des déclarations générales et des aperçus théoriques les intentions réelles, du cabinet. Mais, toutes réserves faites à ce point de vue, il existe évidemment deux ma- nières de concevoir la tâche arbitrale d’un gou vernement d’union et d’entente républicaine, tel que M. Ribot le préconise. 1 L’une des deux consiste à prendre successi vement des attitudes très différentes, selon que l’on veut ménager telle portion de la Chambre, ou telle autre, et à puiser les éléments de son programme aux sources les plus diverses, poür ne mécontenter personne. On y inscrira telle réforme, parce que l’extrême gauche la ré clame ; en revanche, on donnera, sur une ques tion d’importance variable, une satisfaction au centre. La grande préoccupation d’un cabinet, quand il procède ainsi c’est de savoir, à toute heure, de quel côté peut venir une menace, afin de la détourner par quelque manœuvre appropriée. Tel, ce roi de France, qui se battait comme un lion, tandis que derrière lui son fils criait sans cesse : « Père, gardez-vous à droite! père, gardez-vous à gauche! » Sur un champ de bataille, c’est peut-être ce qu’il y a de mieux j à faire. Mais dans là vie parlementaire, on peut j concevoir un autre idéal. La secondé manière, la meilleure, ia seule | bonne, d’obtenir l’union et l’entente, c’est de j fixer, une fois pour toutes, ce qu’on fera et ce*] qu’on rie fera pas ; c’est de choisir parmi les so lutions qui .divisent, lqs esprits celles que l’on I estime les mieux en harmonie avec l’état gé- j néral de l'opinion, avec la volonté du pays et de i dire aux diverses fractions de la majorité: «Voilà ; jusqu’où nous vous demandons d’aller, voilà où j nous vous prions de vous arrêter, parce que notre conviction absolue est que le pays attend de | nous ce degré précis dans la concession ou dans ; la résistance.» Et alors, la majorité suit, non sans : protester pârfois qu’on exige trop d’elle,, qu’on j ne lui fait pas assez de sacrifices. Mais, enfin, ! elle suit, jusqu’au jour où un dissentiment sé rieux naît entre elle et le cabinet qu’elle a sou tenu. Entre ces deux méthodes, l’une, qui consiste à disputer chaque jour une existence précaire aux caprices du Parlement; l’autre, qui con siste, pour le cabinet, à arbitrer sous sa pleine et large responsabilité une situation définie, et à rallier à ses vues, c’est-à-dire, on ne saurait trop le répéter, aux vues qu’il estime être celles du pays, une majorité ouverte, l’hésitation est malaisément permise à un gouvernement qui veut mériter de vivre et de durer. On ne peut croire que le cabinet actuel n’ait pas délibéré ment fait choix de là seconde et qu’il ne soit pas résolu à le montrer au cours de la session qui va s’ouvrir....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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