Extrait du journal

- ^C’était un ménage d’ouvriers. Le mari travail lait depuis quinze ans dans une maison d’ébénisterie du quartier Saint-Antoine, la femme restait au logis. Ils n’avaient eu qu’un enfant ; la mère, depuis sa naissance, resta toujours souffreteuse ; une nouvelle grossesse l’aurait probablement tuée. Aussi aimaient-ils ce bambin à la folie. Pauvre petit!... Si frêle à six ans qu’il n’en paraissait pas quatre. Depuis des mois et des mois il tombait à tout propos malade, sans ma ladie précise, mais miné, de plus en plus petit, de plus en plus frêle. Et le médecin disait: «Il lui faudrait la vie au grand air, au soleil, dans la verdure. C’est Paris qui le tue... » L’ouvrier ne comprenait pas bien, lui qui n’é tait jamais sorti de la banlieue parisienne, qui avait toujours vécu de Paris, à Paris et pour Paris, comment on pouvait mourir de la ville où, de père en fils, les siens avaient toujours vécu, de la ville qui couronne la France et éclai re le monde. Et la mère ne comprenait pas davantage qu’a vec tant d’amour, tant de soins, tant de dépen ses on ne pouvait pas vaincre ce quelque chose mystérieux, inconnu, qui. planait dans .l’air, comme un oiseau de proie invisible, pour fondre et dévorer les pauvres enfants. Alors, voyant leur détresse, le patron de l’ou.vrier avait parlé de lui à son conseiller munici pal, et, comme c’était un gros électeur, l’enfant fut inscrit pour passer l’hiver dans un sanato rium Il devait partir dans trois semaines. Et, duTant ce délai, en toute simplicité, ils s’abandonReproduction interdite* -...