Extrait du journal

Le meurtre, à l'ambassade d'Allemagne à Paris, de M. vom Rath par un jeune israélite de nationalité polonaise a provoqué, comme on devait s'y attendre, les plus vives réactions dans les milieux nationaux-socialistes allemands. Ce crime odieux auquel il ne saurait y avoir d'excuse, que le désir chez celui qui l'a commis de venger ses coreligionnaires des procédés dont ils sont victimes dans le Reich hitlérien ne saurait justifier dans la moindre mesure, fournit un prétexte aux éléments les plus avancés du parti nazi pour redoubler de violence dans la persécution. Le crime inspiré par la passion politique ou religieuse, par l'esprit de vengeance ou par le sectarisme le plus farouche est toujours un acte abominable qui se retourne contre la cause, bonne ou mauvaise, qu'il prétend servir; il appelle le châtiment rigoureux de qui s'en est rendu coupable. Mais il y a quelque chose de non moins monstrueux dans le fait de vouloir faire expier par tout un peuple, par toute une race, ce qui constitue la fauté d'un seul, de.frapper une multitude d'innocents parce qu'un homme de leur religion a commis un attentat que la plus élémentaire morale de tous les temps et de tous les pays réprouve et condamne....