Extrait du journal
La troisième journée de la discussion du projet de loi militaire au Reichstag n'a guère eu plus d'importance au point de vue politique que la deuxième elle n'en a pas moins été fort intéressante, et jamais M. de Bismarck ne s'est montré tour à tour plus violent, plus sarcastique, plus audacieux, plus affranchi de toutes les formes et les formules sous lesquelles les hommes d'Etat ont l'habitude d'atténuer leur pensée et leur humeur. Le chancelier, dans ses répliques à M. Windthorst et à M. Richter, a parlé de tout un peu, sauf pourtant, avec quelque longueur, des demandes mêmes de crédits et d'hommes qu'il se chargeait de défendre. Il a disserté sur l'attitude de l'Allemagne dans la question bulgare, sur la conduite du roi détrôné de Hanovre, sur- les responsabilités qui l'accablent, sur son travail consciencieux, sur sa mort prochaine; mais le passage le plus marquant de ses harangues est celui dans lequel, contrairement à l'article 60 de la Constitution, qui stipule que l'effectif de paix de l'armée doit être fixé à partir de 1872 par la législature, le chancelier est allé jusqu'à menacer le Reichstag, s'il rejette les propositions du gouvernement, de s'adresser aux divers Parlements nationaux des Etats confédérés, pour en obtenir ainsi en détail l'augmentation de contingent que le Parlement impérial aurait rejetée au total. Cette menace a soulevé un gros tumulte, on a crié au coup d'Etat, et M. de Bismarck a riposté avec indignation en accusant la majorité du Reichstag de faire naître sans cesse des crises nuisibles au bien du pays cet incident a fini par verser dans le comique, quand le chancelier, au milieu de l'hilarité générale, eut dit qu'il était si peu l'ennemi du Reichstag que c'était pour le défendre qu'il avait fait écrire plusieurs articles dans les journaux officieux. Dès lors, le ton de l'orateur est devenu plus calme; il a encore refusé ironiquement toute explication à M. Windthorst sur la condition actuelle de l'alliance austro-allemande et a terminé en menaçant ses adversaires, au cas d'une dissolution, d'une campagne électorale où il saurait faire connaître au pays leur manque...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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