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Le Temps, 16 janvier 1887

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Le Temps
16 janvier 1887


Extrait du journal

BULLETIN DU JOUR Le Reichstag s'est prononcé hier sur le projet de loi militaire du gouvernement. Ce projet a été repoussé indirectement par l'adoption des deux premiers articles de la contre-proposition Stauffenberg, qui ont été votés par 186 et 183 voix contre 154, et qui fixent comme on sait à trois au lieu de sept le nombre d'années pour lequel l'augmentation de l'effectif de paix et les crédits nécessaires sont accordés. Dès que le résultat du,,dernier de ces deux scrutins eut été proclamé, M. de Bismarck, qui venait d'entrer dans la salle, est monté à la tribune et a lu un décret de dissolution contre-signé par tous les ministres puis, après les vivats traditionnels en l'honneur de l'empereur, la séance a été levée. Les élections auront lieu le 21 février. On ne sait encore à quelle conduite s'arrèteront le gouvernement et le ministre de la guerre pour assurer, malgré cette issue négative, l'application aussi prompte que possible de la loi militaire, dont l'urgence avait hâté la reprise de la session. Cette loi peut être mise en vigueur immédiatement à titre provisoire et pour sept ans, ou les divers gouvernements allemands peuvent la proposer tout de suite aux Diètes nationales et tourner ainsi en détail le refus du Reichstag mais c'est là un cas tout à fait improbable; l'empereur pourrait sanctionner la loi telle qu'elle vient d'être votée par le Parlement, quitte à faire demander immédiatement à la nouvelle Chambre une prolongation de pouvoirs de quatre ans; enfin, le gouvernement fédéral pourra respecter le statu quo jusqu'à l'élection et à la réunion du Reichstag à élire ce printemps. Suivant que M. de Bismarck s'arrêtera aux plus lents ou aux plus expéditifs de ces partis, il sera permis de connaître le degré de sérieux des craintes qu'il a professées sur le maintien de la paix européenne. Les appréhensions dont le chancelier allemand s'est fait l'organe paraissent être partagées à Vienne. C'était, il y a quelques jours, un article del'officieuse Correspondance de Pest qui insistait sur la nécessité pour l'Autriche d'être prête à tout événement. Aujourd'hui, les correspondants viennois du Standard et du 1'imes annoncent que le ministre de la guerre a décidé cette année d'avancer de six mois l'appel du contingent des recrues, de façon à avoir sous la main pendant tout l'été une classe, c'est-à-dire 100,000 hommes de plus. En outre, le nombre des chevaux de l'artillerie, de la cavalerie et du train serait augmenté; enfin, la fabrication des fusils à répétition serait pourssée activement, de façon qu'il y en ait un demi-million dans les arsenaux au premier mars. Ces armements, sujets d'ailleurs à confirmation, sont sans doute une des premières conséquences des récents discours de M. de Bismarck, de la lumière qu'ils ont jetée sur la condition des alliances dans l'Europe orientale. En Italie également, les paroles du chancelier ne sont pas restées sans écho. Le Popolo romano, organe officieux, se plaint de ce que M. de Bismarck ait cru devoir mettre l'Italie au pair de l'Angleterre pour la valeur de son entente avec l'Allemagne. « Si nos rapports avec cette puissance, dit le journal romain, sont seulement amicaux, que reste-t-il de notre adhésion à l'alliance austro-allemande ? » On peut s'attendre à ce que cette question soit répétée sous une forme ou sous une autre à la Chambre italienne la réponse de M. de Robilant sera intéressante à connaître, comme le seront les explications que M. Tisza sera sans doute également obligé de donner pour préciser les obligations réciproques de l'Autriche et de l'Allemagne, et le point par lequel elles diffèrent de celles d'une simple neutralité bienveillante....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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