Extrait du journal

La veille, il avait plu abominablement, et si le mauvais temps n’avait pas nui à la fête officielle du Panthéon, où les grands corps de l’Etat célébraient la mémoire de Michelet, la fête populaire dont la place de THêtel-de-Ville avait été le théâtre n’avait pur avoir lieu. Le lendemain, le soleil a reparu dan? un ciel d’ün bleu profond, débarrassé do ses vilain* nuages, et il a permis au spectacle militaire de l’a près-midi, dans ic poétique décor do Longchamps,de développer toutes ses splendeurs. ; - Là ville était suffisamment décorée de drapeaux*1 bien que la répétition périodique de cette fête ait fin; par lasser un peu l'enthousiasme qùi se traduit par ces débauches de couleurs dont nous fûmes témoins pendant les fêtes russes. Mais la gaieté de Paris, elles’ ne s’est point éteinte. Dans la soirée, aux principaux carrefours, des bals avaient été organisés et ils ont ou une clientèle nombreuse. Nous rendons compte,-d'ailleurs, des principaux événements de cette belle journée. La revue de. Longchamps La revue de Longchamps, qui commence à troï* heures pour les spectateurs, commence infiniment plus tôt pour les figurants. C’est à huit heures du matin, par exemple, que les canonniers de Vincennes sonnent à l'étendard, puis -montent à cheval pour se mettre en chemin. Les autres, calculent leur départ d’après la distance et font comme si Long champs, qui est leur point terminus, ôtait en réalité , le point initial de quelque étape commune. Toute la matinée, des ' détachements de toutes armes sillonnent Paris dans tous les sens; à onze heures, la concentration est bien, près d’être fait?, car les troupes venues do Paris môme ont dépassé l’allée de la Reiné-Marguerite ; celles qui viennent, do Rueil, Saint-Germain ou Versailles ont franchi la Seine et s’arrêtent au bord de l’eau. L’ordre pour la revue fixe à chaque unité l’emplacement qu’elle oc cupera pour le repos; ce sont des cantonnements d’une heure, établis selon toutes les règles qui ré gissent les vrais cantonnements ; les troupes restent groupées par brigades et elles ont devant elles des débouchés pour reprendre la marche. Les hommes, tirent un repas froid de leurs sacs ou de leurs saco ches ; les officiers s’installent à la- table de la cantinière ; les chevaux attendent avec résignation. - Ce pendant, la matinée, qui, de,bonne heure, pro mettait le beau temps, so poursuit en effet par une journée radieuse. Le bois, pris dans la torpeur de midi, est un instant silencieux; il faut regarder avec attention sous les feuillages pour s’apercevoir quïi fourmille de troupes; on croirait presque que ces discrets régiments, méditent une surprise et veulent dérober leur marcho à quelque observateur posté sur le mont Valérien. Nous trouvons dans l’allée de la Reino les 12° et 13e d’artillerie ; plus loin, la 9° di vision fait la patte d’oie dans le chemin des Réser voirs, dans l’allée de la, Viorge-aux-Berccaux et dan» l’allée de Bagatelle ; les grandes écoles, Polytechni que et Saint-Cyr, ont l’air do faire bande à part dans l’allée du bord de l’eau ; pourtant, l’écolo de Ver sailles, puis le 16e bataillon d’artillerie viennent bientôt so joindre à elles. Tandis que tout dort encore, le public, plus impa? tient c plus combatif que les militaires, marche déj'à à l'assaut dos tribunes ; une affluence dépassa la Cascade, où des gardes républicains à cheval sta tionnent et font sur le feuillage un bariolage blanc, rouge et noir ; une haie de sapeurs canalise les arri vants vers l'enceinte réservée de l’hippodrome. Deux postes de secours ont été établis par des am bulanciers volontaires et par les secouristes fiant...