Extrait du journal

Le. ministre, dès affaires "étrangères de l'Espagne républicaine est sans doute dans son rôle quand il s'efforce de plaider la cause de son gouvernement et d'obtenir pour ce dernier tous .les appuis susceptibles de l'aider à redresser la situation sur le terrain en sa faveur. Mais il y a la manière, et celle dont M. del Vayo a usé hier prête singulièrement à la critique. Non seulement il a tenu à l'égard de l'Angleterre et de la France un langage inadmissible, quand il a dit que personne ne pourra s'étonner si le peuple espagnol voit dans l'attitude de ces deux puissances « quelque chose de monstrueux dont il ne pourra trouver l'explication que dans une volonté bien arrêtée 'de le juguler dans sa lutte pour son indépendance en le- remettant, ligoté, entre les mains 'jde l'envahisseur », mais il a manqué à l'usage constant die Genève en essayant d'enlever par une. tactique brusquée le vote d'un projet de résolution envisageant l'abandon éventuel de 3a politique de non-intervention, sans en avoir 'confère préalablement avec les autres membres du conseil. Cela revenait à spéculer ieffrontément sur la politique intérieure de certains gouvernements qui doivent s'appuyer sur des majorités de coalition comprenant des 'éléments avancés' de gauche, et à obliger d'autres membres du conseil à se résoudre à l'abstention, faute d'avoir pu consulter à temps .leurs gouvernements réspectifs. M. del Vayo S'en a pas moins subi un échec éclatant, puisque son projet de résolution a été repoussé par quatre voix, celles de l'Angleterre, de la France, de là Pologne et de la Roumanie, tandis qu'il ne recueillait que deux suffrages, celui de la Russie soviétique et celui, naturellement, de l'Espagne elle-même, les autres membres du conseil s'étant abstenus. Il est à noter, d'ailleurs, que de toute manière l'initiative du représentant de l'Espagne républicaine ne pouvait aboutir à aucun résultat pratique, car elle revenait à reprendre une résolution sur laquelle l'unanimité n'avait d'ailleurs pu .se faire précédemment Même si elle avait été adoptée à la majorité des voix, elle aurait été sans portée dans la réalité des choses, puisqu'il ne s'agissait que d'une recom.mandation laissant, en fin de compte, à chaque gouvernement son entière liberté de décision. Le vote, tel qu'il a été acquis, a permis, une 'fois de plus, à la plus intime collaboration de ija France et de l'Angleterre dans tous les domaines de se manifester utilement, avec l'appui déclaré, cette fois, de la Pologne et de la Roumanie, et on ne saurait soutenir sérieusement que les neuf puissances dont les représentants se, sont abstenus se désintéressent toutes, en fait, de la politique de non-intervention, ce qui n'est certainement pas le cas pour la Belgique et la Suède, qui siègent aii comité ide Londres....