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Le Temps, 15 septembre 1894

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Le Temps
15 septembre 1894


Extrait du journal

gées par les experts qui reçoivent les effets fournis. L’envoi de cette délégation avait été décidé hier soir dans une réunion à la Bourse du travail. Jusqu’à ce jour les entrepreneurs avaient pris à leur charge les frais de retour, do manipulation et de réparation des effets présentés en recette, mais en raison de la multiplicité des retours ils ont décidé de rendre les ouvriers responsables de leur travail. Ce que les ouvriers ne veulent pas accepter. LA RESPONSABILITÉ DE LA PRESSE Il nous vient de la Haye un appel cordial et fraternel adressé a la presse et que celle-ci ne saurait feindre de ne pas entendre. La confé rence interparlementaire qui vient de se tenir dans cette ville et qui poursuit la substitution de l’arbitrage à l’emploi de la force, dans le rè glement des conflits entre nations, a adopté dans sa dernière séance une motion présentée par M. le sénateur Trarieux, président du groupe français, réclamant pour l’œuvre que veut ac complir la conférence le concours de la presse. Ce n’est pas une mercuriale destinée aux jour naux d'un pays ou d’un parti, plutôt qu'à ceux d’un autre. Cette adresse, que recevront les di recteurs de tous les journaux et peut-être tous les journalistes, est universelle. Hâtons-nous de dire qu’elle ne vise pas davantage tels ou tels incidents du journalisme contemporain pour les regretter ou les blâmer. Ce n’est pas un jugement que formule la conférence ; c’est un appel, une demande de concours loyal qu’elle adresse sans distinction ni réserve aucune aux journaux du monde entier. « Ce que nous vou lons, disent les signataires de ce doéument, vraiment cosmopolite et pour cette raison sou verainement impartial, c’est que nos idées de justice internationale par l’arbitrage se répan dent de plus en plus et que, d’autre part, rien ne vienne les fausser ou les altérer. Voilà pour quoi nous sentons le besoin d’avoir la presse pour auxiliaire. » Toutefois, ils ne lui demandent pas de s’en rôler sous'leur bannière, ni d’épouser ou de prêcher leur propre doctrine. Ils se tiendraient pour satisfaits, d’une part, si les journaux voulaiènt, à titre même de faits divers, renseigner leurs lecteurs sur les délibérations de la confé rence interparlementaire et, d’autre part, pre naient la ferme résolution de s’abstenir de tout ce quittant injuste, violent ou faux, peut rendre les rapports internationaux plus critiques et la pacification plus difficile. Nous pensons bien que les parlementaires réunis officieusement à la Haye ne se font pas d’illusion sur le carac tère et la portée de leur œuvre. Ils ne songent pas à absoudre ni à proclamer éternels tous les faits accomplis. Ils savent, disent-ils, « qu’audessus des extorsions de la force il existe une justice immuable que l’effort de la civilisation est de faire prévaloir ». Les moyens qu’ils pro posent pour faire prévaloir pacifiquement cette justice immuable qui doit s’imposer aux vain queurs aussi bien qu’aux vaincus ne sont pas d’ordre positif ni d’une application immédiate. Mais il est vrai que l’élément moral entre pour une part toujours plus grande dans le règle ment des questions internationales. C’est cet élément moral que représente l’opinion du monde civilisé, et cette opinion est déjà assez forte pour que personne, parmi les chefs des peuples "se résigne aisément à l’a voir contre soi. Donc c’est entendu: les con férences interparlementaires, les discours qu’on y prononce, les motions qu’on y vote ne sau raient résoudre efficacement le problème de la paix. Il n’en est pas moins vrai que ce sont là des éléments sérieux de pacification que l’on aurait tort de dédaigner. Puisqu’il s’agit de créer une opinion du monde civilisé devant laquelle s’incline la force brutale et recule la guerre, nous comprenons fort bien qu’on s’adresse à la presse de -dous les pays, organe et facteur de cette opinion. Nous déta chons volontiers du document qui nous par vient le passage suivant qui en exprime l’idée capitale et en est la justification : Pour que l’esprit de justice arrive à mettre fin dans le monde aux pratiques sanglantes et barbares de la guerre, il est essentiel de veiller à ce que rien ne l'abuse et ne l’égare. Tous les conflits qui ont décidé des peuples, amis la veille, à s’entretuer, ont eu pour origine soit des malentendus regrettables, soit des égoïsmes internationaux. Les malentendus naissent de nouvelles inexactes ou d’une insuffisante connaissance des faits; les égoïsmes ont leur source dans une ambition mauvaise ou dans une fausse idée de la vraie grandeur. Ces causes premières des fautes qui peuvent être commises engagent parfois le rôle de la presse à côté de celui des gouvernements. Accueillir légèrement, au moment où un choc d’inté rêts menace de se produire, des informations dont on garantit l’exactitude alors qu’elles peuvent être men songères ; ne voir dans les prétentions contradictoires qui’ voudraient qu’on s’expliquât avec bonne foi que la cause qui nous touche et se refuser de parti pris à en visager dans celle de l’adversaire ce qu’elle peut avoir de fondé; aigrir les différends en rappelant à tout propos les anciennes querelles, en excitant les amours propres, en so prêtant complaisamment toutes les vertus pour attribuer aux autres tous les défauts : telle est trop souvent la préface des alarmes qui vien nent tout à coup jeter le trouble dans nos rapports de voisinage, et nous croyons que c’est là un des plus...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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