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Le Temps, 15 septembre 1910

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Le Temps
15 septembre 1910


Extrait du journal

mer. Le gardien jeta un coup d’œil de sou côté, au passage, et croyant sans doute re connaître un habitué, toucha rapidement la vi sière de son képi du bout des doigts. L’ouvrier, voyant saluer, salua aussi, et Georges, surpris, se découvrit à son tour, avec un empressement excessif. Il regarda stupidement les deux hom mes s’éloigner ensuite des deux côtés, et se re trouva seul, avec ce journal déplié à côté de lui... Il se mit à lire, on devine avec quelle fièvre, le long récit que les reporters avaient fait de leur expédition. Peu à peu, le sang-froid pour tant lui revenait. II notait au passage les.noms de toutes les personnes qui avaient joué un rôle dans cette furieuse chasse à l’homme. Il es sayait de tirer,. pour assurer son propre sa lut ou pour retarder au moins sa perte, telles conclusions que la logique indiquait, des diffé rentes découvertes réalisées par tant d’adversai res. Par-dessus tout, il se sentait désorienté par une brusquerie d’initiative ef’par des hardies ses d’action • qui n’appartiennent pas, d’ordi naire, aux fonctionnaires officiels. Il sentait avoir contre lui non plus seulement les forces organisées de la magistrature et de la police, mais quelque chose d’inattendu, d’indiscipliné; de formidable, des hommes usant de méthodes particulières et s’inspirant de haines vigoureu ses. Il devinait à ses trousses une nuée d’agents d’information, de reporters, de journalistes, — la presse tout entière enfin, — qui, à.la suite de la Gazette, allait se précipiter sur ses tra ces, le filer, le traquer, le dénoncer partout et fatalement le prendre un jour, dans un coin,, comme une bête forcée par l’assaut des chiens! Il lisait encore; il lisait toujours. Parvenu à. la dernière ligne du récit, qui n’était pas signé, mais où se trouvaient imprimés en toutes let tres les noms des trois reporters envoyés à Cia-mart, il ouvrit les autres feuilles et y relut, beaucoup plus résumé, le compte rendu des mômes faits. Toutefois, une note qu’il n’avait point trouvée dans le premier journal, et qu’il J découvrit dans un autre, le frappa plus que ’ tout le reste. Elle disait : « On est sur la tracé du nommé Georges. Sa capture n’est plus qu’une question d’heures. » Il était trop étranger aux choses du journa lisme pour deviner que c’est là une formule « de style », pour ainsi dire, et par laquelle un rédacteur qui ne sait pas exactement à quel point en sont les choses, prend quelquefois ses garanties contre des événements inattendus. Si après cela le criminel est arrêté, on peut dire • « Nous l’avions annoncé les premiers. >> S’il court encore, on a la ressource d’imprimer que la police avait suivi une fausse piste. Aussi comme il ignorait le premier mot de ce vocabu...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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