Extrait du journal

Nous touchons à la session des conseils généraux. Ces assemblées vont se réunir cette fois dans des conditions et des circonstances très favDrables, et elles pourront faire d'utile besogne. La loi nouvelle, qui a augmenté leur pouvoir et modifié leur situation vis-à-vis des représentants de l'autorité centrale a maintenant un an d'existence; elle a subi l'épreuve de la pratique, sa jurisprudence commence à se fixer; préfets et conseillers généraux ont pu étudier ses dispositions sur le vif et s'inspirer de son esprit, et ce n'est que justice de reconnaître qu'à de rares exceptions près, dues à des tempéraments un peu brouillons, les uns et les autres ont fait de leur mieux pour mener à bonne fin cette intéressante expérience, et que la loi a bien fonctionné. D'autre part, le pays est tranquille,'tout entier à ses affaires, universellement voué au travail la politique intérieure chôme complétement depuis la séparation de la Chambre; l'heure ne saurait être plus propice pour s'occuper des intérêts départementaux et pour discuter sérieusement les innombrables questions locales, dont la solution incombe aux conseils généraux. Il y a partout beaucoup à faire, et le champ est d'autant plus largement ouvert à tous les ordres d'améliorations matérielles que la France a plus besoin, pour se relever et suffire aux charges immenses que lui a léguées la guerre, de mettre en œuvre toutes les sources de richesse dont elle est si abondamment pourvue. Nous ne doutons pas que les conseils généraux ne soient profondément pénétrés de cette nécessité patriotique, et que leurs délibérations ne soient féc6ndes pour le bien du pays. En dehors des intérêts locaux il n'est qu'une question d'ordre plus général et plus élevé qui doive attirer leur attention et qui appelle de leur part un renouvellement dé concours aux efforts que l'initiative privée a déjà faits pour en obtenir la solution c'est la question de l'instruction obligatoire. Déjà l'an dernier la très grande majorité des conseils avait émis des vœux énergiques en ce sens en présence des résistances acharnées qui se sont produites et qui sont venues récemment s'affirmer avec une obstination plus aveugle et plus systématique que jamais dans un rapport parlementaire, il importe essentiellement que pas un de ceux qui se sont déjà prononcés ne se croie dispensé de revenir à la charge et de renouveler avec éclat l'expression de son sentiment sur l'urgence de cette réforme capitale. Nous voulons également espérer,que les assemblées départementales qui ont négligé l'an dernier de s'associer au mouvement auront à cœur aujourd'hui de réparer cet oubli. Nous trouvons dans le Times d'hier une dépêche adressée de Lima par le nouveau ministre des affaires étrangères du Pérou àla légation péruvienne de Londres, et contenant quelques détails officiels sur le drame sanglant dont â été victime le président Balta. Il en résulte que ce fut le 22 juillet qu'éclata le pronunciamiento fomenté par le colonel Gutierrez, ministre de la guerre. Gutierrez déposa le président, mit obstacle aux réunions préliminaires du Congrès, dont il avait décrété la dissolution, et se proclama dictateur. L'assassinat de Balta eut lieu dans la prison où il avait été jeté. La dictature de Gutierrez dura quatre jours; ce ne fut que le 26 que la population de Lima se...