Extrait du journal

lers municipaux et compte parmi les socialis tes les plus déterminés. Je m’étais imaginé qu’il s’en allait sonner, dans sa pièce, le tocsin des revendications populaires. La Patronne ne m’a point paru si révolutionnaire que cela. C’est tout simplemènt un drame fort bien fait, sagement aménagé et qui intéresse d’un bout à l’autre. L’action se développe dans un milieu ou vrier. Mme Madeleine Ricard, qui se croit veuve parce que son mari a disparu depuis vingt ans, à gardé la direction d’un atelier de bijouterie. C’est une femme de mœurs assez légères qui, dans le temps, a trompé ce mari, qu’elle ne pleure point, et qui, depuis, s’est abandonnée tout entière à un ouvrier beau gar çon et noceur, Emile, dont elle a fait un contre maître, le véritable chef de la maison. Elle a une fille, Rose, à qui la maison doit revenir au jour de sa majorité. Emile, qui s’ennuie de sa vieille maîtresse, songe à se faire donner par elle Rose en mariage. La scène où il lui fait cette vilaine proposition est joliment construite, avec plus de réserve et plus d’art que je n’en aurais soupçonné chez un débutant. Elle se termine par un cri d’indignalion et de colère que pousse lu femme, froissée dans son aniour de mère et d’amante. Elle chasse Emile aux applaudisse ments furieux du public. Mais, hélas ! elle est aussi faible de caractère qu'ardente, de tempérament. Elle cède, elle pré sente Emile à sa fille, qui, chaste et pudique comme elle l’est, ne sait rien.des relations de sa mère avec l’homme qu’on lui propose pour époux. Elle le refuse d’abord, car elle aime un jeune ouvrier de la maison, Henri Vernier, qui. nous est donné comme l’ouvrier modèle. Tandis que les autres portent dès blouses, et des blou-, ses maculées par le travail, nous ne le voyons qu’en redingote. Il s’exprime en termes choisis, tandis que ses camarades parlent l’argot de l’atelier. Emile trouve moyen, par d’abomina bles manœuvres, de les séparer et de leur ins pirer des doutes sur la fidélité l’un de l’autre. Il fait sa cour, il est agréé. C’est ici que se place la scène qui tenait sans doute le plus au cœur dé M. Eugène Fournière, et il est certain qu’elle est curieuse. Mme Madeleine Ricard a emmené tout son personnel dans une guinguette de la banlieue pour y célébrer sa fête, et c’est ce jour qu’elle a choisi pour lui annoncer les fiançailles d’Emile avec sa fille Rose. Henri Vernier est venu de son côté, avec l’espoir secret dé révoir une der nière fois celle qu’il a tant aimée. Il s’arrange pour la rencontrer seule; tous deux s’expliquent ils ont été. victimes d’une machination odieuse, ils sont dignes l’un de l’autre : Que vont-ils faire ? Depuis le commencement du drame, nous ayons vu de temps à autre apparaître un...