Extrait du journal

d’ici?... Dites?.., Tenez,,mon fils, je suis in quiète. — Eh ! de quoi, ma mère ? — De tout. D’abord, l’autre jour, vous avez trop bien parlé de M. Bonaparte... Ses campa gnes vous tournent la tête, je le crains. Ce serait une douleur pour moi que d’en être sûre. — Vous vous troublez inutilement, ma mère. Je vous jure que je n’ai nulle envie d’aller re joindre en Egypte ou ailleurs le général Bona parte... — C’est un odieux révolutionnaire, n’est-ce pas, mon fils ? Voulez-vous, ma mère, que nous laissions là ce sujet? dit Martial avec enjouement. ■— Pas avant que j'aie ajouté ceci : Martial, si, d’aventure, l’ennui vous prenait trop fort, songez qu’il y a encore beaucoup à faire, pour nous ramener un bon roi. Et je ne verrais pas avec trop de peine que vous allassiez rejoindre' en Allemagne vos pareils qui, à cette heure, tra vaillent à nous le rétablir. Cela vous serait bon, mon fils, et vous jetterait hors de vos livres que je déteste... — Et pourquoi les détestez-vous, ■ puisque vous ne les connaissez pas? — Mon fils, tout homme qui s’enferme dans la lecture finit par être un philosophe ou un fou : voyez votre oncle de la Mouraine. Dieu me garde de voir tel. Martial sourit et ne répliqua point. Mme dé Fonspeyrat surprit ce sourire. Elle tressaillit. Ses sourcils se froncèrent. Elle dit : — Martial, il faut en finir. Je ne veux plus vous voir cet air morose. Il vous faut mettre dans votre vie autre chose que des lectures de romans et des conversations avec un philo sophe lunatique... Vous n’avez point de goût pour l’agriculture et la surveillance de vos ter res... — Pardonnez-moi ; je m’en occuperais au contraire volontiers. Mais votre activité-débor dante, votre zèle, votre... —Non, mon fils, cela ne vous convient point,...