Extrait du journal

— Non, plus tard! Elle le regardait de ses yeux hagards qui, eux, ne pleuraient plus maintenant. Maigre, livide, Bernard Thévenot res semblait à un cadavre; Claude Rivière n’était certes pas plus pâle sur son lit de mort. — Adieu, madame, dit-il tout à coup en congédiant Thérèse. Et d’une voix déchirée : — Oui, vous l’avez tué autant que moi. Vous devez bien souffrir, madame ! — Moi?... fit Thérèse, exaltée, après avoir effroyablement tressailli. Oh! je n’ai plus longtemps à souffrir ! Elle partit, fière d’elle-même, heureuse du sacrifice qu’elle venait de faire de son honneur, le cœur inondé de joie. Elle marchait à grands pas, dans les rues. Elle se disait que si Claude avait pu èntendre sa justification, faite par elle-même cette fois, il eût oublié pour toujours. Et, peu à peu, à mesure qu’elle avançait, fiévreuse, le sang affluant à ses tempes, les pulsations de ses artères pres que visibles à ses poignets, elle pensait que Claude Rivière l’attendait. Oui, son Rivière, couché là-bas, là-baut, dans la chambre nuptiale et qui dormait. — Il dort parce qu’il souffre, se disaitelle. Mais quand je vais lui dire que le coupable est connu, que l’honneur est sauf, avec quelle joie il va se lever ! Claude ! Claude ! Et, tout en marchant, elle l’appelait. Elle arriva devant la maison de la rue Montmartre. Cambournas et le portier, qui la virent entrer, furent effrayés. Elle leur demanda : — Le commandant n’est point sorti, n’estce pas? Elle souriait. Rapidement, elle monta à l’apparte-...