Extrait du journal
LA BEAUTÉ DE PARIS Pour veiller à la beauté de Paris, ce qui est le de voir très strict de tous ceux qui ont dans les mains une parcelle du sort de la Ville, il suffirait, peutêtre, de ne jamais perdre de vue trois principes : 1° Paris doit une part de sa beauté aux rues et aux promenades qui, par leur ampleur, donnent l’impression de la « place perdue ». La force des choses veut que dans les très gran des villes il y ait rarement de la place perdue. Les maisons se tassent les uiies sur les autres, les rues se serrent autour des centres d’affaires ou de plaisir* Pour trouver de l’espace devant soi, il faut aller jusqu’aux faubourgs. Paris fait exception à cette règle, grâce à quelques voies superbes que le génie . de très anciens ou de très" récents constructeurs liii à ménagées. Là place Vendôme, la place de la Con corde, l’esplanade des Invalides, les Champs-Ely sées, pour ne citer que celles-là, font, à juste titre, ^admiration des étrangers. Il va de soi que si on laisse envahir ou morceler ces « gloires » dé Paris,1 on aura porté une atteinte sensible à son prestige. Or, c’est là que nous en sommes. La place de la Concorde et la place Vendôme ont été épargnées jusqu’ici. Mais l’esplanade des Inva lides est saccagée et, d’année en année; les ChampsElysées reçoivent de nouveaux pavillons qui les rétrécissent et les ramèneront, si l’on n’y prend garde, à des proportions mesquines. On peut en dire autant du bois de- Boulogne. A force d’y loger des, restaurants et des jeux, il cessera d’ôtre lui-même. H se divisera en une infinité de petits coins et de re coins. 11 n’aura plus d’« unité ». 2° Paris doit une autre part de sa beauté à ses ar bres. Paris est une des plus belles forêts de France. Il faut s’opposer à ce que l’on pratique sans raison, et même avec de bonnes raisons, des coupes som bres qui déshonorent cette forêt. Nous autres, Parisiens, nous ne sommes pas as sez fiers de nos arbres. Il nous paraît tout naturel d’en trouver partout, non seulement dans ■ nos squares et nos jardins publics, mais sur nos quais, nos boulevards, nos avenues, nos rues môme, et sur les berges de notre fleuve. L’habitude a émoussé la surprise, sinon le charme. Mais les provinciaux ne sont pas comme nous. Ils ne se lassent pas d’ad mirer les arbres de Paris. Ils ont raison. Cependant, si on laisse faire, la forêt parisienne sera bientôt dé vastée. A chaque instant, on tue - des arbrès. On a tué les admirables arbres des Invalides. On vient d’en tuer d’autres, pour les travaux du quai d’Or say. Le quai Voltaire, naguère si feuillu, est tout chauve aujourd’hui dans les environs de la rue du Bac. Je ne mo console pas devoir mourir avant lâge les arbres de Paris. Je leur donne volontiers" les pleurs quo Victor de Laprade donnait à la mort du chôno. Et je demande que si on forme une commis sion chargée de veiller sur le Paris moderne, on y appelle quelques conservateurs des forêts. Je de mande même qu’on les choisisse très féroces. 3° Paris a une « figure » que les siècles lui ont faite et à laquelle nous n’avons pas le droit de toucher d’une main lourde. Si l’on y réfléchit, Paris ne doit sa beauté ni à un grand nombre de monuments très curieux ni à un pittoresque intense. A ce double point de vue, bien...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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