Extrait du journal
meublée s’y trahissait dans les moindres détails. Du gai petit salon bourgeois qui était là jadis, Albos avait réussi à faire une pièce effroyable ment triste par la pauvreté ; intentionnelle et la grave décoration. Et Martial, instinctivement, comparait cette demeure à la sienne. A Fonspeyrat, plusieurs générations d’ancê tres avaient marqué leur passage, laissant, qui, la rutilante batterie de cuisine ; qui, les lourds bahuts chargés de faïences et d’étains ciselés ; qui, les amples fauteuils et les moelleuses ber gères. Tout y disait le goût de vivre et de bien vivre. Tout marquait l’aisance traditionnelle. On y marchait fort. On y parlait haut. Ici, la vie était comme assourdie. Le silence était une loi. Martial eut un court frisson... KaCerine et lui se comprendraient-ils aussi bien qu’ils s’ai maient?... Lui, français et méridional, amou reux de tout ce qui résonne et brille, pourrait-il s’accommoder de ce milieu, de cette sévérité de mœurs, si Kate les lui imposait?... Ces pensées graves l’effleurèrent seulement. Sa mince philosophie ne sut pas les. retenir. Pourtant, de ce choc rapide et léger, il demeura déçu, attristé, troublé sans savoir pourquoi. Lorsque Katerine reparut, le visage de Mar tial s'éclaira, et son angoisse intérieure fut bien tôt dissipée. —Mon père va mieux, dit Katerine, mais il est encore très faible. Partez, Martial. Hélas ! à présent, quel jour pourra-t-il nous écouter?... — A mon retour, sans doute, dit Martial. — A votre retour?... s’écria la jeune fille déjà alarmée. — Chère, dit le jeune homme, ce prochain re tour n’aura lieu, hélas! ni demain, ni le jour suivant, ni même sans doute plusieurs des jours après. Je vais faire un voyage de peu de durée, mais obligatoire... Vous pâlissez, Kate ?..; Vos yeux sont pleins de larmes... 0 mon amie ! vous m’aimez donc bien ?... Kate ne répondit pas. Les paroles de Martial évoquaient soudain en sa mémoire un souvenir qu’elle croyait aboli : celui d’une pauvre fïlle ja dis attachée au service de la maison et qui, abandonnée par son fiancé, avait traîné, tout le reste de sa courte vie, sa peine et sa désespé-...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - maura
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