Extrait du journal
fronton Louis XVI, blanc et or, léger, indicible? ment léger, de ce théâtre où l’on s’attend à voir apparaître, sautant, riant, capricieux, le nain vert Obéron ! Obéron ne vient pas. Il arrive à sa place un monsieur en complet gris clair qui vous chante la Ballade des grosses dames. C’est un sujet, les grosses dames, je n’en disconviens pas. C’est un sujet comme la mort, les melons, la patrie, les éléphants, les Tats, les petites filles, les chiens, les chats, tous les phénomènes, les êtres et les choses de notre univers. C’est un sujet grand, gros, gras et rebondissant. On peut tout excuser d’une ballade qui chante les grosses dames, excepté qu’elle soit plate: car voilà qui serait contraire à la nature ! Hélas, il n’y a rien de plat et de triste comme la ballade des grosses dames. On étale, on étire en long et en large leurs misères, on en fait des misères bêtes, mais non pas ridicules. On vous annonce, et combien encore c’est plus grave I une situation, (par exemple la folle passion que pourrait avoir une grosse dame pour un jouvenceau fluet) et puis on plante là le jouvenceau et la grosse dame, sans en rien tirer de gai, ou de triste, ou de fort, ou de sensé,pu d’insensé; sans en rien tirer du tout ! Et à mesure que le pauvre diable de chanteur récite, sur un rythme inexistant, les rinces inexistantes de ce poème inexistant, qui veut seulement être un peu sale, et n’y parvient même pas, on se dit : « Voilà encore un couplet de passé, deux couplets, trois cou plets... ça va.être fini. Il chantera autre chose, le monsieur en habit gris. Et ce sera plus amu sant. » Il chante autre chose, en effet, mais ce n’est pas plus amusant. Il chante l’Amour à tous les étages. Béranger, qui n’était pourtant pas un grand génie, aurait fait quelque chose avec « l’amour à tous les étages». Il aurait pris un thème musical populaire un peu rabâché, mais un peu.attendri ; et il aurait ménagé une espèce de progression dans les couplets, des contras tes, des retours; avec un relatif souci de la. for-; me, une apparence d’art. Ici,-rien. Les person nages y sont bien, pourtant: le couple adultère du rez-de-chaussée, le vieux ménage du pre mier, le nouveau-né du second, les pauvres gens du cinquième, et la bonne à la cave, sans comuifirM.etMmePipelet. Par malheur, ils.....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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